Sécu : où va l’argent des franchises ?

Thierry Brun  • 3 janvier 2008
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On se souvient que le plan Alzheimer, très médiatiquement annoncé par Nicolas Sarkozy, devait être financé en grande partie par des franchises médicales et devait être mis en œuvre dès le 1er janvier. Le gouvernement avait même indiqué que ces franchises médicales devraient rapporter au total 850 millions d’euros, et que cette somme devait également financer la lutte contre le cancer et l’amélioration des soins palliatifs. Or, il n’en est rien.

Le 21 septembre 2007, à l’occasion de la journée mondiale consacrée à la maladie d’Alzheimer, le chef de l’Etat avait présenté les grandes orientations du plan en s’appuyant sur les premières réflexions de la commission Ménard, dont le rapport final a été publié le 7 novembre. Il annonçait une consultation des professionnels du secteur et la présentation du financement du plan avant la fin 2007, pour une mise en œuvre « dès le 1er janvier 2008 ». Ce plan Alzheimer, le troisième en six ans, concerne quelque 600 000 personnes (860 000 avec les maladies apparentées) et doit mettre l’accent sur la recherche, l’amélioration du diagnostic et la prise en charge des malades, avait dit le gouvernement.

A ce jour, rien de tout cela n’a été mis en place, informent les associations de malades d’Alzheimer qui s’inquiètent du « retard » pris dans la présentation du plan 2008-2012 de lutte contre la maladie d’Alzheimer. L’Union nationale des associations France-Alzheimer a indiqué à l’Agence France Presse être « inquiète » et « déçue » du « retard » pris dans la mise en route d’un plan qui a suscité, a rappelé sa présidente Arlette Meyrieux, une « forte attente des familles » de malades. « On ne voudrait pas qu’il y ait une confusion entre les propositions Ménard et le plan proprement dit », a ajouté la présidente, qui explique que « pour l’instant il n’y a pas de plan Alzheimer, ni son financement ».

Selon l’association France-Alzheimer, la concertation n’a pas encore eu lieu, et pense être reçue par les ministres concernés, notamment Roselyne Bachelot (Santé) et Valérie Pécresse (Recherche), « dans les semaines qui viennent ». Et en ce qui concerne le financement du plan, « ce ne sont pas les franchises médicales mises en place aujourd’hui qui vont suffire, d’autant que nous ne savons toujours pas quelle sera la part attribuée à Alzheimer », a aussi déclaré la présidente de France Alzheimer.

Le financement « est un point essentiel », souligne de son côté Pascal Champvert, président de l’AD-Pa (directeurs des maisons de retraite), qui « attend la concertation annoncée », mais « n’a pas encore été contacté ». « Quand bien même les 800 millions des franchises seraient attribués à Alzheimer, ce serait insuffisant par rapport aux besoins », estime-t-il.

De son côté, la lettre de l’Agence fédérale d’information mutualiste (n° 3158, du 2 janvier), rappelle que « les franchises médicales devraient engendrer une économie de 850 millions d’euros en année pleine pour l’assurance maladie. Selon le gouvernement, cette somme sera consacrée à la lutte contre le cancer, la maladie d’Alzheimer et les soins palliatifs. Mais, dans les faits, cette économie s’intègre au budget de la “Sécu” et ne peut pas directement être affectée à des domaines précis d’intervention ». A bon entendeur…

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