Sur le mont Hymette…

…quand le soleil se lève.

Bernard Langlois  • 3 février 2015
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« J’ai vu, du haut de l’Acropolis, le soleil se lever entre les deux cimes du mont Hymette… »


Illustration - Sur le mont Hymette…


Je n’ai guère lu Chateaubriand. En dehors d’ Atala , ou de quelques pages des Mémoires d’outre-tombe , étudiées en secondaire — ce qui ne dépasse guère le vernis made in le Lagarde et Michard … Mais cette phrase, curieusement [^2] : « J’ai vu du haut de l’Acropolis, etc. » , extraite de l’interminable Itinéraire de Paris à Jérusalem , m’est restée en tête depuis tout ce temps, et me revient régulièrement à l’esprit.

Ma mémoire ne va guère au-delà, et s’envole avec ces « corneilles, qui nichent autour de la citadelle, mais qui n’en franchissent jamais le sommet…» Après…

C’était quoi, la Grèce, au mitan du siècle dernier, à une époque on l’on ne voyageait guère, sauf dans les livres, pour un petit bourgeois français et catholique, sagement grandi dans une famille modeste, sans histoire et fort peu politisée?

Certes: «— C’est beaucoup de rois et de chèvres éparpillés sur du marbre —Si les rois sont dorés et les chèvres angora, cela ne doit pas être mal au soleil levant.» [^3]

Un peu plus quand même, et justement Homère, beaucoup lu, lui — Iliade et Odyssée — très jeune, et relu plus tard [^4]. Et toute cette mythologie, ce monde enchanté où une palanquée de dieux et de déesses se gobergent sur une montagne en buvant nectar et ambroisie, se jalousent et se disputent, puis vont se mêler aux humains pour toutes sortes de polissonneries…

Et encore : des bribes de philo, où se mélangent Socrate (celui qui causait) et Platon (celui qui écrivait), Diogène dans son tonneau ( « Ôtes-toi de mon soleil » ), Parménide et son fleuve où l’on ne doit se baigner qu’une fois, Héraclite qui regardait « toutes les choses humaines comme tristes et lamentables…» ,la baignoire d’Archimède, Périclès et son siècle, Epicure et son jardin…

Tout un bouillon de culture où nous avons baigné (le « nous » renvoyant à une catégorie qu’on peut dire privilégiée), soigneusement maintenu à petit feu tout au long d’études secondaires nourries des grands classiques: heureux qui comme Ulysse, imaginez Pyrrhus le front étincelant, je ne l’ai point encore embrassé d’aujourd’hui, il était sur son char, la fille de Minos et de Pasiphaé, Ariane ma sœur de quel amour blessé… toussa quoi!

La politique viendra plus tard.

(A suivre)

[^2]: Pas si curieusement, quand j’y pense: sa perfection formelle, son rythme, sa scansion sont pour beaucoup qu’elle soit accrochée en ma mémoire.

[^3]: Giraudoux, La guerre de Troie n’aura pas lieu.

[^4]: Il m’est même arrivé de le jouer sur une scène étudiante, revisité par Euripide…

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Temps de lecture : 2 minutes
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