Les chasseurs, espèce en voie de disparition

C’est malheureusement la seule bonne nouvelle pour l’ouverture de la chasse

Claude-Marie Vadrot  • 17 septembre 2016
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Une armée de porteurs de fusils va envahir les campagnes pour l’ouverture de la chasse qui commence officiellement le dimanche 18 septembre. Ceci en dépit des dégâts provoqués sur la faune par les inondations, les fortes pluies de la fin du printemps et la longue sécheresse qui n’est pas terminée dans la plupart des départements. Que les perdrix, par exemple, soient très rares cette année n’a pas incité le pouvoir à suspendre leur chasse !

La bonne nouvelle, c’est que les chasseurs sont de moins en moins nombreux en France : tout juste un petit million de porteurs de fusils alors qu’ils ont été deux millions.

La mauvaise nouvelle, c’est qu’il s abattent chaque année, tous gibiers confondus, une trentaine de million d’animaux à plume ou à poils. Mais ce n’est pas la seule : ils ont le droit de faire classer par les préfets (qui ne peuvent rien leur refuser pour des raisons électorales…) chaque année un certain nombre d’animaux comme « nuisibles » ; ce qui leur donne le droit de les tuer toute l’année sans que les gouvernements successifs se posent de questions sur le caractère « non-écologique » et non scientifique de cette notion. On m’objectera que, par exemple, les sangliers, en raison de leur multiplication, sont nuisibles aux pratiques agricoles. Certes, mais, qui les a multipliés au point qu’ils sont désormais prés de deux millions sur le territoire français sinon les sociétés de chasse qui vendent souvent leurs « droits » des fortunes. Parce que les tireurs, vivant en général dans les villes, sont de plus en plus maladroits et mal formés, veulent les avoir facilement à portée de leurs armes. Les sociétés de chasse ont donc trop souvent choisi de nourrir ces animaux pour les attirer et les fixer sur un territoire. Le même choix a été fait pour les faisans d’élevage relâchés quelques jours, sinon quelques heures avant les parties de chasse ; il est donc en général plus facile de les « chasser » en leur lançant des grains de maïs que de les tuer avec un fusil. Pour présenter ensuite des « tableaux de chasse » qui précèdent les repas et beuverie d’après-chasse…

Autre aberration : 91 espèces sont « chassables » en France contre 35 en Suisse et une cinquantaine en Italie. La France détient un autre record européen : celui de la longueur (grandissante) des périodes de chasse, notamment pour les oiseaux d’eau. Situation qui entraine beaucoup de dégâts pour les espèces qui restent protégées. D’autant plus que l’Office National de la chasse et de la faune sauvage n’a plus les moyens et les gardes nécessaires pour faire respecter les lois et règlements.

Il n’est pas question, comme le réclament certaines associations, d’interdire la chasse car la préservation de la biodiversité passe par le contrôle des espèces chassables dont la pullulation menace certains écosystèmes. Il faudrait simplement réduire le nombre des chasseurs de plusieurs centaines de milliers en rendant plus difficile l’obtention d’un permis de chasse qui ne garantit une chasse responsable par des gens qui ne pensent qu’à tirer que tout ce qui bouge (y compris les promeneurs) et n’ont aucune formation à l’écologie et à la nature.

L’autre mauvaise nouvelle c’est donc que le nombre des chasseurs battant la campagne avec leur chien sans penser à un « tableau » et donc connaissant bien la nature est en forte diminution…

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