Alstom et Belfort : les illusions du TGV

Claude-Marie Vadrot  • 10 octobre 2016
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Alstom et Belfort : les illusions du TGV
Un TGV en gare de Toulon.
© Michel Soudais

Tous ceux qui, des politiques aux médias, protestent ou ironisent parce que, pour sauver les emplois de l’usine Alstom de Belfort, on va construire des wagons de TGV et des motrices destinés à circuler sur des « voies ordinaires », oublient que depuis des années c’est déjà le cas.

Un examen de la carte de circulation des trains dits à grande vitesse fournie par Réseau ferré de France, rappelle à quel point la grande vitesse pour tous est une illusion soigneusement entretenue par la SNCF et les pouvoirs qui se succèdent. Pour la simple et bonne raison qu’en dehors de trois lignes, la « grande vitesse » n’existe pas jusqu’au terminus. Elle ne concerne que le trajet Paris-Lyon-Marseille, la liaison Paris-Lille-Calais et depuis peu Paris-Strasbourg. Pour le reste, les rames affublées du terme TGV renoncent depuis longtemps à la « grande vitesse » bien avant leurs gares terminales.

Les faux TGV arrivent effectivement jusqu’à Rennes, Brest, Nantes, Rochefort, Annecy, Grenoble, Toulouse, Hendaye, Limoges, Perpignan Toulon ou à Nice (liste non limitative…). Mais à vitesse normale, à la vitesse des trains Intercités. Comme le feront les nouvelles rames commandées par le gouvernement.

Simplement, les voyageurs y bénéficieront d’un confort supérieur aux rames ordinaires qui n’ont pas été changées ou rénovées depuis des lustres. Comme les motrices hors d’âge qui les tirent avec de plus en plus de difficultés et de pannes. Sans que la SNCF soit en mesure de fournir des locomotives de remplacement en quelques minutes avant le départ d’un train, parce que le parc de machines disponibles est de plus en plus réduit et la maintenance souvent aléatoire faute de personnel.

Donc la présence de rames et de motrices modernes ne pourra que satisfaire les voyageurs qui ont recours aux lignes Intercités pour se déplacer ou pour aller (trop loin) à leur travail. À condition que ces trains plus fiables et de meilleure qualité n’incitent pas la SNCF à leur faire payer le confort à des prix prohibitifs comme elle le pratique pour les TGV, les vrais comme les faux. Ce qui explique au moins en partie que de nombreuses lignes de TGV soient déficitaires depuis des années. Surtout quand elles ont été crées plus pour entretenir des illusions et (ou) satisfaire quelques élus, que pour améliorer le confort et le service rendu aux voyageurs. À la SNCF, une rumeur court avec insistante en langage codé : les nouveaux trains « bénéficieraient de tarifs particuliers ».

Mais, en fin de compte, surtout si le recours à de nouveaux trains ne sert pas à masquer une hausse de tarif, il n’y a rien de scandaleux à ce que le sauvetage des emplois à l’usine Alstom de Belfort, permette d’offrir un meilleur confort à des centaines de milliers de voyageurs…

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