POUTINE: la salutaire décision d’annuler sa visite en France

Claude-Marie Vadrot  • 11 octobre 2016
Partager :

François Fillon, avocat de l’annulation des décisions de boycott économiques, Marine Le Pen, Jean-Pierre Chevènement, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Sakozy, Gilbert Collard, Marion Maréchal Le Pen et la plupart des parlementaires « Républicains » membres du groupe d’amitié France-Russie vont porter le deuil de l’annulation de la visite à Paris de Vladimir Poutine. Chacun à sa manière bien sur. Les uns pour purger leur anti-américanisme à la fois primaire et viscéral, d’autres parce qu’ils sont plus ou moins fascinés par les dictateurs qu’ils rêvent de devenir et dont le modèle ne réside pas seulement à Moscou. Et certains encore qui rêvent de gouvernements dont les responsables vivent en symbiose avec les maitres d’une religion.

C’est le cas de Vladimir Poutine dont l’objet principal de la venue à Paris n’était autre que l’inauguration solennelle de l’énorme cathédrale orthodoxe construite sur le quai Branly à Paris. Elle bénéficie d’un statut diplomatique qui montre à quel point l’Eglise russe se confond avec le Kremlin. Depuis plusieurs années, en fait, le pouvoir russe codirige le pays avec le Patriarche orthodoxe Cyrille élu en 2009. Un religieux connu depuis des années pour son goût du luxe et son conservatisme. Il partage d’ailleurs trois choses avec le président russe : avoir été membre du KGB dans les années 70 lorsqu’il vivait à Leningrad, porter une montre Breguet (Plus de 20 000 euros) au poignet et travailler à la réhabilitation de Staline ; avec cette déclaration justificative _: « on ne doit pas douter des mérites d’un homme d’État qui a conduit son pays à la renaissance et à la modernisation même s’il a commis quelques crimes »._

En outre toutes les initiatives moralisatrices du pouvoir sont dictées par le Patriarcat : depuis la répression de plus en plus féroce contre les homosexuels jusqu’à l’interdiction (en dehors de Moscou) de concerts de « musique occidentales » en passant par la surveillance (toujours en province) des tenues de femmes jugées « provocantes ». Dans le Sud de la Russie, des patrouilles religieuses leur font la chasse, réprimant même les couples qui s’embrassent dans la rue…

Mais cette osmose de la religion et du pouvoir n’est pas la seule bonne raison de rappeler à l’ordre Vladimir Poutine. Ne serait-ce que parce que d’autres pays « amis de la France » en font autant, voire pire. Tout comme la répression des associations représentant la société civile.

Il y a aussi les Tatars, la minorité musulmane pourchassée en Crimée. Un région dont il faut rappeler à quel point une partie de la population est réprimée et exploitée tandis que le territoire annexé devient une immense base militaire et policière. Il y a aussi la poursuite de la participation des forces spéciales russes qui entretiennent la guerre contre l’Ukraine dans l’Est de ce pays. Tout comme elles le font en Syrie où des milliers de combattants russes, pas seulement avec des avions et des missiles, soutiennent les militaires de Bachar el-Assad en épargnant soigneusement les troupes de l’Etat islamique.

Tous ces éléments justifient le rappel à l’ordre lancé à Vladimir Poutine.

Publié dans
Les blogs et Les blogs invités
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don