Fin des alternatives aux pesticides ?

Nicolas Hulot risque d’avaler d’autres couleuvres concernant les pesticides agricoles, s’il ne bouge pas. Les règlements européens n’envisagent tout simplement pas les « alternatives » aux dites substances chimiques…

Thierry Brun  • 19 novembre 2017
Partager :
Fin des alternatives aux pesticides ?
Photo : Fabrication d'un purin d'ortie (Yann Avril / Biosgarden / Biosphoto)

Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, n’en finira pas d’avaler des couleuvres en ce qui concerne les pesticides. Parce qu’un organisme de l’État, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), s’appuie sur les règlements européens pour justifier son contrôle des alternatives aux pesticides. Et la DGCCRF envisage d’interdire les alternatives au glyphosate en raison du fait que ces substances ne sont « pas approuvées ou [qu’elles] ont fait l’objet d’un règlement de non approbation ».

Une quinzaine d’ONG environnementales (voir communiqué de presse) sont vent debout suite à la décision que devrait rendre la DGCCRF dont nous publions les extraits du document relatif au PNPP (1) : « Les substances qui ne sont pas approuvées par un règlement européen (consoude, fougère…) ou celles qui ont fait l’objet d’un règlement de non approbation sont : rhubarbe, armoise, absinthe, tanaisie, bardane, sarriette et origan ne peuvent être mis sur le marché comme les préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP), de même pour les substances pour lesquelles une demande est en cours ».

Enorme ! Car ces alternatives aux pesticides ne pourront pas être commercialisées alors que les pesticides chimiques commercialisés sont contestés pour les dégâts sur la santé. Selon une étude de 2016, « les produits phytosanitaires sont responsables de 2 % des maladies professionnelles », déclare Patrice Heurtaut, directeur de la santé-sécurité au travail de l’organisme de sécurité sociale agricole, la MSA.

D’autre part, le directeur général de l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) a justifié l’autorisation donnée par son agence au sulfoxaflor, pesticide chimique accusé d’être néfaste aux abeilles, renvoyant la responsabilité de son interdiction éventuelle au gouvernement.

Tandis que le sort du glyphosate dans l’Union européenne sera examiné par un comité d’appel le 27 novembre, après un vote non concluant lors d’une première réunion d’experts sur un renouvellement pour cinq ans de la licence de l’herbicide controversé, le Round Up. Enjeu, dans l’Union européenne, les pesticides à base de glyphosate représentent un marché d’environ un milliard d’euros.

Le recours d’une ONG contre l’autorisation de nouveaux pesticides chimiques du groupe Dow Agrosciences, le Closer et le Transform, devant le tribunal administratif de Nice sera étudié le 23 novembre.

Le communiqué de presse du 16 novembre indique qu’il ne tient qu’au ministre de l’Agriculture de faire en sorte que ces alternatives soient enfin autorisées : « La loi d’Avenir pour l’Agriculture, l’Alimentation et la Forêt (LAAF du 13 octobre 2014) complétée par l’arrêté du 27 avril 2016 lui permet une ouverture très rapide ».

(1) Enquêtes DDPP (Directions départementales de la protection des populations).PNPP-DGCCRF Paris, sous direction 4 : Produits Alimentaires et Marchés Agricoles et Alimentaires, Bureau 4C : Responsable des marchés des produits d’origines végétales et des boissons « Tâche nationale TN 341 JA. Plan de contrôle de la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques. PNPP : pages 4-5.

Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don