17-05-18, Arles-Tarascon
Viviane, 25 ans, suit la Marche solidaire pour les migrants de Vintimille à Londres, organisée par l’Auberge des migrants. Au jour le jour, elle retrace son périple sur ce blog, illustré par des photographies du collectif Item.
Discussions du matin avec mon hébergeur : il m’enviait de faire toute la marche. Mais je crois que c’était plutôt de prendre le temps. En fait, c’est simple, je l’ai juste pris, ce temps. En ce moment, la marche, c’est mon unique projet [1].Je n’ai pas de vie à vivre ailleurs. Pas d’appart’, pas de copain, pas de travail, pas d’études qui m’attendent quelque part. J’avais tout ça avant. Mais ça ne m’allait pas. Depuis, j’ai l’impression de « réussir » ma vie. « Je suis fonctionnaire. Ça doit faire du bien de travailler avec des gens qui ont les mêmes valeurs que toi », m’a-t-il dit.
9h au parking, musique des 90’s-échauffement. Ça devient un rituel. C’est plus pour casser la glace que pour réellement éviter les claquages, je crois. Des lycéens (encore eux !), qui attendaient que le portail de leur établissement s’ouvre, nous regardaient abasourdis au début, du style « c’est quoi ces ringards ? », puis ils se sont joints à nous en montrant leurs talents en hip hop. Le portail s’est ouvert et ils ont disparu.
Nous avons quitté Arles qui est « la ville de France la plus étendue », nous a fièrement affirmé un gendarme. Une route bordée de fossés paradis des moustiques, un champ à droite, une prairie à gauche, du plat du plat et encore du plat, et rien d’autre. Nous avons quand même réussi à faire nos emplettes sur la route. Du fromage de brebis, du vin et du rosé, les rares fermes des alentours ont fourni le repas du midi qui fut véritablement frais et local. On a eu du rab de fromage pour nous soutenir dans notre démarche 😉 vive la vente directe !
On a cru qu’on allait pouvoir faire une pause et passer une soirée tranquille à Tarascon car nous n’y sommes pas vraiment les bienvenus. Que nenni ! Après s’être réjouis de manger la plus attendue des salades de la marche [2], François a sorti la sono pour un discours. A suivi un slam, de la danse, et la chose la plus attendrissante jusqu’ici : Eva, 9 ans, chante « Tous les cris les SOS » de Balavoine. Après ça, réunion au bar du camping pour commencer à honorer nos deux futurs birthday boys de demain, j’ai nommé Emilien et Simon.
[1] En me relisant ça a fait un mélange étrange entre Francis Cabrel et Macron dans ma tête.
[2] On n’en pouvait plus des repas partagés. Pauvre de nous ! Remarque nous allons pouvoir goûter à toutes les quiches du monde avec la marche. Ça fait un argument en plus pour venir participer 😉
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