04-06-18, Les Glières-Langres

Viviane, 25 ans, suit la Marche solidaire pour les migrants de Vintimille à Londres, organisée par l’Auberge des migrants. Au jour le jour, elle retrace son périple sur ce blog, illustré par des photographies du collectif Item.

Viviane  • 6 juin 2018
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04-06-18, Les Glières-Langres
25 mai 2018, journée de repos à Oullins : forum des associations, spectacles...
© Philippe Somnolet / item

L'auteure : Viviane J'ai 25 ans, je suis originaire de Bretagne, j'ai fait des études de psycho. J'ai fait six mois de bénévolat à Calais puis j'ai été intégrée dans l'organisation de la Marche des migrants. Je ne sais pas où je serai dans six mois mais mon prochain projet est un voyage humanitaire au Togo. Mon père est vidéaste. Il m'a prêté sa caméra pour que je documente ce que je vis avec les marcheurs, mais je préfère écrire... Les photographes Le Collectif item est une structure de production indépendante qui se donne le temps et les moyens nécessaires pour construire de véritables sujets, pensés comme des récits photographiques à part entière. Il rassemble aujourd’hui 12 photographes, un graphiste et une vidéaste, autour de l’impérieuse nécessité de raconter le monde, pour ne pas rester les yeux fermés. Leurs travaux peuvent être vus sur leur site ici.
Posée sur le canapé rouge du gite Sainte-Anne de Langres. (Oui j’aime écrire dans les canapés) Une dame vient de demander de faire moins de bruit en face de moi. J’aime voir mes amis se concentrer, râler, s’exciter, rire aux éclats et oublier ce que cette dame vient de leur dire en criant de joie pour un but au babyfoot… puis dire « chuuut », en pouffant de rire. Ça me fait sourire.

Drôle de journée aujourd’hui. Réveil à 6 heures pour faire quatre heures de car pour retourner vers Dijon, puis 5 heures de marche vers Langres. Cette ville dans laquelle notre venue a été difficile à négocier entre les assos locales et la mairie. Interdiction pour nous de traverser la ville. Nous sommes restés en périphérie seulement. Cortège sans slogans mais beaucoup de gendarmes. J’ai pas osé faire pipi dans la nature à cause de ça. C’était très dur. Dommage pour les slogans, c’est le meilleur moment de la journée quand on crie et chante tous ensemble. La veille quelques marcheurs ont lancé l’idée de jeûner toute la journée pour protester. Pour ma part, c’était impensable, c’est trop important de bien manger en voyage. Je ne sais pas combien ont tenu le défi. Protestation très discrète apparemment.

À noter que ce soir, c’était la première fois qu’il y avait un questions/réponses organisé sur ce qu’il se passe à la Jungle de Calais d’hier et d’aujourd’hui. Les gens étaient très intéressés et mon voisin de table n’en revenait pas. Je n’ai pas vu de jeunes Langrois dans l’assemblée. Je n’étais pas à l’aise, il y avait une atmosphère bizarre, comme si je n’avais pas mon mot à dire dans le déroulement de la soirée. Mais je pense aussi que c’est parce que beaucoup de marcheurs piliers sont partis ce week-end. Trop de nouveaux encore timides. En plus, c’était une étape où beaucoup de Langrois nous ont rejoints pour la journée. Tant mieux mais l’ambiance « tribu de marcheurs soudés » me manque ce soir. Ça passera. Je crois que j’ai besoin d’une bonne petite fiesta comme à Istres dans les vestiaires du gymnase. Simple et spontanée. Ce week-end, il y avait aussi une ambiance qui ne prêtait pas à la fête et à la folie. Ce sont nos deux carburants pour survivre à la marche.

Phrase que je retiens aujourd’hui : « Non en fait, ce qui différencie l’homme de l’animal ce sont les frontières. » – débat sur ce que j’ai écrit hier.

« Maintenant c’est fini mais dans le recommencement du bonheur, je ne peux pas oublier ça. » – échange sur la façon dont deux amis ont été traités en Libye. À savoir qu’ils ont aussi parlé des Libyens qui les ont aidés.

© Politis
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Temps de lecture : 3 minutes
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