Un pont entre hier et aujourd’hui

Pour ses soixante ans,
le festival « in » affronte son passé.

Gilles Costaz  • 5 juillet 2007 abonné·es

Le festival officiel nouvelle formule a cessé, l’an dernier, de susciter des vagues hostiles. Mais restent des questions qui provoquent les directeurs, Hortense Archambault et Vincent Baudriller~: la «~modernité~» est-elle dans la noirceur apocalyptique ou triviale~? Que peut-on changer au festival sans trahir une histoire dont les spectres ­ Jean Vilar, Gérard Philipe ­ hantent sans fin les murs et les débats~?

L’artiste invité cette année à participer à la conception du programme est Frédéric Fisbach. Un metteur en scène, dont les partis pris radicaux provoquent l’enthousiasme ou le refus. Il reprend l’un de ses anciens spectacles, les Paravents, de Jean Genet, et s’inscrit dans la volonté anniversaire du programme en adaptant les Feuillets d’Hypnos de René Char. Le festival fête, en effet, ses soixante ans, et l’on saluera de différentes manières René Char, qui, en recommandant Jean Vilar à Avignon, fit jaillir l’étincelle fondatrice. Mais, hors Fisbach, l’affiche est riche et diverse, avec Novarina, Shakespeare, Claudel, Milin, Garcia et beaucoup d’autres.

Deux livres paraissent, qui examinent l’hier et l’aujourd’hui du festival. Dans les Voix d’Avignon , Bruno Tackels propose une turbulente contre-histoire, rappelle qu’Avignon a souvent été la scène de conflits violents, privilégie les polémiques et défend, in fine , la nouvelle direction, attachée à « redonner sens, voix et centralité aux artistes d’aujourd’hui » . Dans Avignon, vue du pont , l’ancien directeur du festival, Bernard Faivre d’Arcier, conte des anecdotes inconnues, arrondit quelques angles et se pose en vieux sage. Mais l’édition 2007 se jouera-t-elle contre les fantômes du passé, ou avec eux ?

Culture
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