La base réclame l’union

Pauline Graulle  • 26 juin 2008 abonné·es

Une mobilisation unifiée pour contrer l’offensive gouvernementale ? L’idée gagne du terrain parmi la base syndiquée. Une pétition a ainsi été lancée il y a deux semaines par une vingtaine de militants de la CGT et de la FSU qui jugent trop tiède l’orientation actuelle de leurs maisons mères. Cette «Lettre ouverte de masse aux états-majors syndicaux» en appelle à «la construction d’une action déterminée “tous ensemble et en même temps” [qui] permettra de stopper la rupture sarkozyste et de remettre la France sur la voie des libertés démocratiques et du progrès social». Comptant déjà près de 600~signataires, elle aurait reçu un accueil très favorable sur le terrain. «La population est saignée à blanc, souligne Benoît Foucambert, enseignant syndiqué à la FSU. *Une action massive doit avoir lieu. Avec ou sans les directions syndicales.»

Car les huiles confédérales ne l’entendent pas vraiment de cette oreille : «Il y a chez elles une volonté inavouée de ne pas globaliser le mouvement, quitte à mettre au pilori les valeurs historiques d’un syndicalisme de confrontation. Les instances dirigeantes ont fait de la CGT un syndicat réformiste, à l’image de la Confédération européenne des syndicats, que la CGT a rejointe, et au sein de laquelle elle compte peser», relève Olivier Lefèvre, militant de la CGT-Impôts à l’origine de la lettre ouverte.*

Branche «radicale» contre branche «réformiste», les luttes intestines ont repris de plus belle à la CGT. Une autre pétition, circulant dans les sections départementales et au siège de Montreuil, ajoute au malaise : elle demande aux dirigeants de retirer leur signature de la «position commune» qui a conduit la CGT et la CFDT à approuver, aux côtés du Medef, un texte piégé ouvrant la voie au démantèlement des 35~heures. «L’ambiance est chaude, confirme l’un des animateurs du blog “Où va la CGT ?”. La confédération a verrouillé toute possibilité de grèves longues et massives. Si l’affrontement se produisait, elle le torpillerait, comme elle l’a fait pour les régimes spéciaux.» Et de déplorer la «CFDétisation» de la CGT : «En interne, ça cause, mais personne ne veut s’afficher. Il ne faut donc pas rêver. Sans opposition constituée, l’appel à un mouvement unifié ne débouchera probablement sur rien…» Reste que le frémissement d’une fronde interne syndicale se fait, lui, bien sentir. Une fronde qui risque d’accentuer les divisions, ce qui serait une aubaine pour le gouvernement.

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