Livres blancs ou lettres mortes ?

Nombre de manifestes et de rapports ont déjà tenté d’amplifier la voix du secteur alternatif, sans grand succès. Les initiateurs des « Cinquante propositions » espèrent avoir une meilleure audience.

Philippe Chibani-Jacquot  • 29 octobre 2009 abonné·es

Rendues publiques le 1er novembre par des personnalités se situant dans l’économie sociale et solidaire (ESS), les Cinquante propositions pour changer de cap ne sont pas la première tentative d’un secteur en quête de reconnaissance pour donner de la voix. Lors de la campagne présidentielle de 2007, quelques pontes de l’économie sociale (Edmond Maire, Hugues Sibille, Claude Alphandéry, etc.) avaient publié un Manifeste de l’économie solidaire. Appel à signature, tribunes dans la presse, interpellation des candidats… L’élan s’est éteint avec la fin du scrutin. Début 2009, un ­livre blanc intitulé Osez maintenant, cent entrepreneurs sociaux s’engagent est publié par le Collectif national pour le développement de l’entrepreneuriat social (Codes). Ce think tank affiche au moins un résultat : François Fillon a commandé début octobre au député François Vercamer (Nouveau ­Centre) un rapport sur les leviers de développement de l’économie sociale.
Mais ce rapport parlementaire n’est qu’un os à ronger dans un contexte difficile. Depuis l’épisode du secrétariat d’État à l’économie solidaire, qui donna une visibilité politique au secteur entre 2000 et 2002, les choix gouvernementaux n’ont cessé de reléguer les activités d’utilité sociale à la marge des politiques publiques. Symbole de ce déni, la Délégation interministérielle à l’innovation, à l’expérimentation sociale et à l’économie sociale (Diieses) risque de disparaître début 2010. La révision générale des politiques publiques envisage de la diluer dans une Direction en charge de la cohésion sociale.
Les initiateurs des Cinquante ­propositions espèrent que le Mois de l’ESS créera les conditions d’un rapprochement des ­membres du secteur et une mobilisation citoyenne autour d’une plateforme d’idées communes. Avec l’idée d’améliorer le rapport de force politique.

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