Cinéma : Le spectateur a-t-il le choix ?

Les dix premiers films au box-office occupent 90 % des écrans. La course au numérique accroît la concurrence entre les salles et entre les films, au détriment des plus fragiles. Jamais la curiosité du spectateur n’a été aussi importante.

Christophe Kantcheff  • 13 mai 2010
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Cinéma : Le spectateur a-t-il le choix ?

Souvent, nous nous interrogeons : les lecteurs de Politis pourront-ils voir les films dont nous faisons la critique ? La raison de notre inquiétude est simple : beaucoup sont diffusés avec un nombre réduit de copies, ils ne bénéficient pas de gros moyens promotionnels, et la « vitesse de rotation » des films s’accroît. Ainsi, les films les plus fragiles économiquement, qui peuvent être très forts esthétiquement, ont toujours plus de mal à se frayer un chemin vers les salles et à pouvoir y être vus.

C’est pourquoi, au moment où s’ouvre le 63e Festival de Cannes, traditionnelle fête du cinéma, mais dont le directeur général, Thierry Frémaux, a lui aussi évoqué la crise afin d’expliquer pourquoi, cette année, moins de films lui avaient été soumis, il nous a semblé opportun de poser cette question : le spectateur a-t-il le choix ?

Certes, douze à quinze films sortent chaque semaine. Mais profusion ne signifie pas pluralité des formes et des sujets. Et face au rouleau compresseur des majors, aux multiplexes et aux cartes illimitées, il est de plus en plus difficile pour les salles indépendantes de faire vivre un autre cinéma. La loi du marché s’impose. La façon dont le numérique risque d’arriver dans les salles en est le flagrant symptôme. Ce formidable défi technologique est en train de devenir une terrible menace économique.

Restent pourtant des pôles de résistance et des forces d’invention. Chez les professionnels, les acteurs culturels, comme les associations ou groupements que nous citons dans ce dossier, mais aussi du côté des spectateurs eux-mêmes. Des spectateurs qui ont compris que, par amour du cinéma et de la diversité, ils avaient une responsabilité et devaient se mobiliser. C’est cette lutte-là, à la portée de chacun, dont nous voulons aussi rendre compte.

Retrouvez le blog de Christophe Kantcheff, présent à Cannes durant toute la quinzaine du Festival.

Temps de lecture : 2 minutes
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