Arte : « Plus d’invités sur canapé ! »

Dans la nouvelle grille de programmes d’Arte pour janvier 2012, Frédéric Bonnaud se lance avec Philippe Collin et Xavier Mauduit dans un rendez-vous culturel hebdomadaire, « Personne ne bouge ! ».

Jean-Claude Renard  • 24 novembre 2011 abonné·es

Tous trois viennent de la radio. Frédéric Bonnaud a successivement animé sur France Inter « Ça va pas durer », « Charivari » et « la Bande à Bonnaud ». Il est aujourd’hui au Mouv’ avec « Plan B pour Bonnaud », émission culturelle éclectique, du lundi au vendredi, de 17 h à 18 h.

Philippe Collin et Xavier Mauduit ont créé sur France Inter « Panique au Mangin Palace » puis « Panique au ministère psychique », deux émissions « total foutraques », gavées d’archives et trempées d’inventivité, prenant un sujet comme fil conducteur avant d’en tirer toutes les ficelles. Aujourd’hui, toujours sur Inter, le duo tient l’antenne avec « Down town », non moins abracadabrantesque, du lundi au jeudi, de 18 h à 19 h.

Comment se présente l’affaire ?

Frédéric Bonnaud : Il s’agira d’un magazine sans plateau et sans incarnation d’environ quarante-cinq minutes. Il existe des antécédents glorieux, comme « Cinéma Cinémas » il y a trente ans.

Sans prétendre nous mesurer à cette aune, nous avons voulu garder l’idée d’une émission sans speakerine, sans présentateur, sans invités installés dans un canapé, qui vendent leur soupe. Une autre volonté était celle du détournement et de jouer sur les anachronismes, tout en suivant un fil rouge qui présente les sujets.

Cela devrait ressembler à l’émission que réalisaient Philippe Collin et Xavier Mauduit dans « Panique au Mangin Palace » sur France Inter, au moins dans l’esprit. Mais si leur émission s’appuyait beaucoup sur les archives sonores, ce sera moins le cas puisqu’il s’agit de télévision cette fois.

Sur une émission réalisée à trois, comment se répartissent les tâches ?

Collin et Mauduit conservent leur propre univers, je serai la voix off qui sert de présentation à un magazine construit par rubriques, en évitant d’aligner les sujets promotionnels comme on enfile les perles. Il y aura huit sujets par émission. « Un air de déjà-vu » en est un, dont la comparaison entre Lady Gaga et Madonna pourrait être un exemple, ce qui consiste à montrer que rien ne se crée mais tout se transforme.

Les dernières émissions culturelles du petit écran se sont soldées par des échecs. Comment comptez-vous renouveler le genre ?

On compte renouveler le genre tout en restant modestes. On sait bien que ce n’est pas facile. Il faut passer outre la promotion. Pendant longtemps, les chaînes ne voulaient pas d’émissions culturelles. Tout à coup, on en a beaucoup. On assiste à un rattrapage mais toutes ne sont pas très bonnes. Frédéric Taddeï réussit très bien dans la mesure où ses invités parlent d’autre chose que de leur métier. Ce qui importe, c’est d’éviter le discours promotionnel et formaté qui finit par lasser le téléspectateur.

De notre côté, avec une émission sans plateau, on tentera de proposer des sujets les plus enrichissants possible. Dans tous les cas, il faudra un jour se poser la question : à quoi sert une émission culturelle, pour qui la fait-on ? Placer des invités sur un canapé, ça se discute. Notre émission, c’est une manière de participer à ce débat.

Pourquoi ce titre énigmatique, « Personne ne bouge ! » ?

Cela correspond à un petit délire de nous trois, derrière le masque de présidents américains parmi les plus méchants, en train de braquer une banque. C’est un titre où l’on ne sent pas l’émission culturelle. On voulait éviter le mot « culture » dans le titre de l’émission. Il faut un peu de modestie, on n’a pas besoin d’afficher ce mot partout comme s’il s’agissait d’un supermarché. « Personne ne bouge ! » a l’avantage d’être mystérieux, sans afficher de prétention.

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