La Belgique abandonne le nucléaire

Il n’y aura plus de nucléaire en Belgique d’ici 2025. Explication d’un processus qui laissera la France orpheline d’un fournisseur d’électricité.

Matthieu Balu  • 3 novembre 2011
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La Belgique abandonne le nucléaire
© Photo : BILDAGENTUR RM / TIPS / PHOTONONSTOP

C’est à la suite d’un accord entre les six partis de la nouvelle coalition au pouvoir en Belgique que la décision a été prise : il n’y aura plus d’électricité nucléaire produite sur le sol belge en 2025. Les sept réacteurs que comptent le pays seront arrêtés à partir de 2015, date à laquelle les sites de Doel 1, Doel 2 (près d’Anvers) et Tihange 1 (près d’Huy), qui abritent les réacteurs les plus anciens, seront fermés. Une décision qui ne fait qu’appliquer la loi de 2003, passée à la trappe à la suite d’un changement de majorité dans le pays.

Sans échéancier pour l’instant, cette mesure devra encore être confirmé dans six mois. Un nouveau rendez-vous gouvernemental décidera alors si la Belgique est capable d’assumer l’arrêt de trois de ses réacteurs dès 2015. Du côté d’Electrabel, filiale de GDF et propriétaire du nucléaire belge, c’est l’étonnement : la firme a négocié en 2009 une prolongation de 10 ans de l’utilisation de ses réacteurs. Les solutions de reconversion les plus probables, dans un pays où le nucléaire représente 55 % de l’énergie produite, sont la multiplication des éoliennes en mer et la construction de nouvelles centrales dites «TGV» (turbine-gaz-vapeur).

Pour le réseau Sortir du nucléaire, il s’agit avant tout d’une décision pragmatique : « À l’inverse de la France, la Belgique n’a jamais subventionné l’énergie nucléaire, qui coûte aux Belges plus cher que l’énergie verte ! » explique Opale Crivello, porte-parole du mouvement. Une sortie dès 2015 est tout à fait imaginable, ajoute-t-elle : « Il faut arrêter avec l’idée que l’on revient à la bougie lorsqu’on éteint les centrales. Il y a des solutions connues, éprouvées pour passer à l’énergie verte. La preuve en est que tous les voisins de la France choisissent de sortir de l’atome, quand nous nous enfermons dans le rôle de VRP du nucléaire. » La France, qui perd après l’Allemagne un second fournisseur d’électricité à l’occasion des pointes de consommation hivernales, devra elle aussi trouver de nouvelles solutions.

Écologie
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