Le retour du croquemitaine

Tom Waits se fait rare mais ne désarme pas.

Jacques Vincent  • 5 janvier 2012 abonné·es

Toujours cette voix comme un glissement de terrain qui charrie des mots de rocaille. Avec ça, Tom Waits peut s’accorder à tout, blues, rock, jazz, comédie musicale, cabaret, fanfare, musique de cirque… Voire rockabilly. Les Cramps, s’ils existaient encore, pourraient reprendre ce « Get Lost », comme les Ramones avaient repris « I Don’t Want to Grow Up » il y a longtemps.

Sur « Bad as Me », le morceau, on pense plutôt à Captain Beefheart. Stentor grincheux ou croquemitaine. Mauvais pour le moins. Derrière on bat le fer, et les étincelles fusent. On croirait par moments ce disque enregistré dans une forge à 4 heures du matin. Pour le reste : un empilement de guitares. Tenues par le fidèle et parfait Marc Ribot, Keith Richards, des Stones, et le guitariste de Los Lobos. Un orgue aussi, aux mains d’Augie Meyers, du mythique Sir Douglas Quintet. Et, en vrac : violon, accordéon, harmonica, et saxophone baryton, pour la noirceur du trait.

Ce n’est pourtant pas un beuglant continu. Il y a aussi des moments de calme. De poignantes ballades comme « Pay Me » ou cet hymne à la résistance qu’est « Last Leaf On The Tree » (« Dernière feuille sur l’arbre »), dont on retient cette phrase : « L’automne a pris le reste mais, moi, ils ne m’auront pas. » , parabole parfaite pour l’auteur d’un disque diablement vivant.

Musique
Temps de lecture : 1 minute