Un théâtre assassiné

L’État rompt sa convention avec le Studio de Stains.

Gilles Costaz  • 23 février 2012 abonné·es

Le Studio-Théâtre de Stains, en Seine-Saint-Denis, a appris tout récemment la fin de la convention qui le liait à la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) d’Île-de-France. Motif pour interrompre une convention sur l’aide aux créations signée en 1986 : trop d’argent dépensé et qualité prétendument insuffisante.

Le coup est rude pour l’un des rares petits théâtres de la banlieue constituant un exemple d’activité créatrice et infatigable dans un secteur criblé de difficultés. Il venait d’être désigné comme l’un des « dix lieux emblématiques » dans le cadre des « Territoires de création » , selon l’accord signé par François Fillon et Patrick Braouezec, député de Seine-Saint-Denis !

Nous avons souvent salué les spectacles du Studio-Théâtre de Stains et sa façon de faire appel aux auteurs d’aujourd’hui, comme Mohamed Kacimi la saison dernière. Il n’y a pas plus chaleureux que cet ancien cinéma, où les places les moins chères sont à 4 euros et où, dit la directrice, « personne ne reste sur le trottoir, quand on a envie d’entrer ». Marjorie Nakache est également une véritable artiste. « Je n’ai jamais rencontré une telle violence des pouvoirs publics , affirme-t-elle. On ne nous le dit pas, mais cela sous-entend : pas de théâtre pour les Noirs et les Arabes. » Ni pour les enfants et les adolescents du 9-3, ajouterons-nous, qui viennent nombreux dans ce lieu d’exception.

Théâtre
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