Se passer d’eau de Javel

Ingrid Merckx  • 19 avril 2012 abonné·es

Que faire ?

L’eau de Javel désinfecte mais ne nettoie pas. Elle n’a d’intérêt qu’utilisée de manière exceptionnelle (en cas de risque sanitaire, par exemple). Pour le ménage (évier, WC, baignoire, sols), préférer un détergent ou un nettoyant écologique, ou mieux : du vinaigre blanc, éventuellement combiné avec du bicarbonate de soude ou des cristaux de soude, du savon noir, de la pierre de Meudon, du thé noir ou des paillettes de savon. Pour blanchir du linge, plutôt étendre au soleil, prendre de l’eau oxygénée ou verser un peu de bicarbonate avec la lessive. On peut aussi mélanger de l’alcool ménager avec une huile essentielle.

Pourquoi ?

Née en 1775, l’eau de Javel est une solution liquide oxydante utilisée comme désinfectant, décolorant et pour le traitement de l’eau potable. Elle est composée d’hypochlorite de sodium pur et son pH varie en fonction de sa concentration. Dans notre hygiène-mania, nous sommes en pleine Javel-mania, alerte le site encyclo-ecolo.com : en France, 2e consommateur européen en volume (derrière l’Espagne), et 5e mondial, il en serait commercialisé environ 245 millions de litres par an. Soit deux fois le volume des nettoyants ménagers et trois fois celui des liquides vaisselle. Sept foyers sur dix en utiliseraient. Or, d’après sa fiche Institut national de recherche et de sécurité (INRS), l’eau de Javel est toxique et corrosive. Chez l’homme, elle provoque des brûlures : peau, yeux, bouche… Respirée, elle peut entraîner des irritations. Ingérée, elle est dangereuse, voire mortelle. Dans la nature, elle se transmet dans tout un écosystème par ingestions successives. Plus généralement, elle contribue à une sélection des germes. Où l’on retrouve la guerre entre les « bonnes » bactéries et les « mauvaises ». Un peu comme les antibiotiques utilisés à tort et à travers, l’eau de Javel compromet les équilibres entre les germes pathogènes et non pathogènes. Le chlore libéré peut se combiner à des molécules organiques et former des organochlorés, soit des composés toxiques persistants potentiellement cancérogènes et mutagènes. Nous vivons dans une soupe de microorganismes qui contribuent à notre immunité. En les détruisant, on laisse s’implanter des bactéries plus résistantes. On favorise donc l’apparition de maladies. Le contraire de ce qu’on voulait faire en ouvrant sa bouteille ou son berlingot…

Comment ?

  • Ne pas stocker de l’eau de Javel, les accidents domestiques sont fréquents.

  • Ne pas mélanger avec d’autres substances, notamment celles contenant de l’ammoniaque (WC, litières) car les dégagements peuvent être dangereux.

  • Fabriquer sa propre « Javel » bio (biomantique.over-blog.com) :
    1 CS percarbonate de sodium + 1 CS de bicarbonate de soude +1 CS de poudre pour lave-vaisselle + 160 ml de vinaigre blanc + 15 gtt HE tea tree + 15 gtt HE citron, eau.

  • En cas de contact avec les yeux :
    rincer immédiatement à l’eau pendant quinze minutes et consulter un médecin.

  • En cas d’ingestion, contacter un centre antipoison.

Le geste utile
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