De l’or dangereux

Des milliers de chercheurs d’or illégaux détruisent la forêt guyanaise.

Claude-Marie Vadrot  • 5 juillet 2012 abonné·es

Depuis quelques années, le nombre des chercheurs d’or illégaux opérant dans la forêt guyanaise a augmenté, proportionnellement au prix de l’or, qui a doublé et dépasse 40 euros le gramme. Les responsables de la gendarmerie admettent qu’il est pratiquement impossible de chiffrer le nombre de ces clandestins qui viennent du Surinam et du Brésil.

Selon les sources, ils seraient entre 10 000 et 30 000 orpailleurs qui mettent en coupe réglée un territoire couvrant plusieurs millions d’hectares. L’affrontement qui s’est soldé la semaine dernière par la mort de deux militaires français et deux gendarmes blessés n’est pas le premier.

En Guyane, on se souvient notamment du meurtre en 2006, par les milices chargées de protéger les « chantiers », de deux agents de la réserve naturelle des Nouragues, sur les bords de la rivière Arataye. Les accrochages entre gendarmes et orpailleurs, qui sont en fait monnaie courante, ont provoqué la mort de six clandestins depuis le début de l’année. Quand ils obtiennent des hélicoptères pour débarquer en masse, ce qui n’est pas fréquent, les gendarmes spécialisés dans la lutte contre la quête clandestine de l’or prennent alors la véritable mesure des villages clandestins installés dans la forêt, avec bars, bordels, ateliers de réparation, infirmeries et flottilles de barques rapides servant à l’approvisionnement et au transport des orpailleurs et de leurs « services de sécurité ».

De toute évidence, se plaignent les responsables de la gendarmerie qui se succèdent dans le département, le trafic de l’or rapporte bien trop à l’ensemble de la Guyane pour que les autorités s’attaquent véritablement au problème. L’activité des clandestins pollue pourtant gravement les rivières, en remuant les sables et en relâchant du mercure qui, sur les petites dragues comme dans les galeries creusées en forêt, sert à amalgamer l’or pour le récupérer plus facilement. Le métal précieux part ensuite vers Cayenne ou, acheminé dans de petits hélicoptères, vers le Brésil.

Écologie
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