Resnais l’impertinent

Vous n’avez encore rien vu interroge le jeu d’acteurs vedettes.

Christophe Kantcheff  • 27 septembre 2012 abonné·es

La liberté donne de la légèreté. L’œuvre entière d’Alain Resnais en témoigne. Le cinéaste a pourtant ignoré les sujets futiles, mais il a su ne jamais être rattrapé par l’esprit de sérieux. L’âge venant, la mort et ses questionnements occupent désormais le réalisateur avant toute chose, comme c’est le cas avec Vous n’avez encore rien vu. Pour autant, le pathos n’y est pas au rendez-vous. La légèreté, c’est, en l’occurrence, un dispositif qui s’organise autour de la disparition d’un metteur en scène dont les amis comédiens (Arditi, Azéma, Piccoli, Wilson, Consigny, Amalric…) se retrouvent et assistent à la projection de la captation d’une pièce de Jean Anouilh. Celle-ci est jouée par de jeunes comédiens, mais les « vedettes » l’ont, elles aussi, interprétée dans le passé, et la reprennent pour l’occasion.

La légèreté, c’est l’absence presque totale de décor, mais quelques incrustations, pour laisser toute la place au phrasé des comédiens (le texte, lui, est un peu fané). Le jeu de miroir avec les jeunes acteurs est sans doute l’effet le plus inattendu (peut-être de Resnais lui-même). Ces inconnus sont évidemment moins expérimentés, sans doute plus approximatifs, mais aussi moins calibrés. La jeunesse est l’alliée du vieux Resnais, qui, quoi qu’il en veuille, se montre impertinent avec l’académisme et les « valeurs sûres ». Vous n’avez encore rien vu. Le plus beau titre de film qu’on ait trouvé depuis longtemps. Et pour longtemps encore…

Cinéma
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