Entreprendre une cure de raisin

Patrick Piro  • 11 octobre 2012 abonné·es

Que faire ?

Hein, que du raisin ? Mais combien de temps ? Quelle quantité ? Et le vin, t’y as droit, alors ? Voilà les sempiternelles premières questions posées à Léon par ceux qui s’interloquent devant son régime alimentaire d’automne : il ne déjeune pas avec les collègues, il fait une cure de raisin. Oui, que du raisin. Mais du bon (en saison), bio de préférence : c’est une cure de santé et de bien-être, autant se passer des pesticides. Léon préfère le muscat : parfumé, sucré, peau peu épaisse. À chacun ses goûts. La durée de la cure est aussi à discrétion. Les bénéfices sont perceptibles à partir de trois jours, sensibles au bout d’une semaine. Certains curistes dépassent trois semaines. La quantité de raisin dépend de l’appétit. Il est rare d’avaler plus d’un kilo par jour. Léon, qui a apprivoisé la cure au fil des ans, se contente parfois de 200 grammes. Il boit pour compenser le manque de liquide : de l’eau ou de la tisane (bio), mais pas d’excitants (café, thé…) ni de vin, qui n’est pas plus du jus de raisin que le yaourt n’est du lait. On se passera spontanément d’activités toniques, mais il n’est pas nécessaire de se mettre en congé ou au repos. Léon mène sa vie normale, en évitant les efforts brusques. Au début, il déclinait les invitations à dîner. Depuis, il assume à fond. Il a même pris goût à l’effet de salon quand il sort sa boîte de raisin à table : quinze minutes d’intense conversation garantie, et souvent des émules au bout. Enfin, en sortie de cure, il faut veiller à reprendre très progressivement une alimentation normale.

Pourquoi ?

Le raisin est bourré de polyphénols, de glucides, de vitamines, d’oligoéléments : sur recommandation médicale, on allait souvent, au siècle dernier, en centre « prendre les eaux » et les grappes à même les ceps. Moins contraignant que le jeûne, cette cure a des vertus multiples, dues à une action dépurative générale du système digestif, mis au repos par ce régime monoaliment. L’organisme se désintoxique également en consumant les réserves de graisse, où il va puiser l’énergie qui lui fait défaut dans la ration alimentaire peu calorique (on maigrit, jusqu’à plus de trois kilos par semaine). Ce qui peut déclencher de petites « crises d’élimination » (rougeurs, par exemple) passagères. Le sommeil est profond, le réveil clair, le teint s’illumine, la vue s’améliore, des bobos régressent (peau, articulations, etc.), comme certaines douleurs chroniques chez les curistes réguliers. Enfin, s’installe une sensation de légèreté, de tranquillité, d’énergie et de reconquête dans son rapport à l’alimentation. Certains l’exploitent pour arrêter de fumer, ou perdre durablement du poids (on reprend après la cure, cependant).  

Comment ?

  • Un livre, fondé sur une enquête auprès de pratiquants, se détache du lot : la Cure de raisin , Claude Aubert, éd. Terre vivante. Historique, témoignages, mode d’emploi fin, sans prosélytisme.  
  • De nombreuses références sur Internet, signalant un regain d’intérêt pour la plus connue des monodiètes.

Le geste utile
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