Gaza : Les civils ciblés

Comme en 2008, c’est la population de Gaza qui paie le plus lourd tribut à l’offensive israélienne.

Denis Sieffert  • 22 novembre 2012 abonné·es

Le bilan s’élevait lundi soir, après six jours d’offensive israélienne, à plus de 100 morts côté palestinien, tandis que 3 Israéliens avaient été tués, le 15 novembre, par un missile tiré depuis Gaza. Dans la ville de Gaza, quatre personnes, dont un enfant de 5 ans et deux femmes de 20 et 23 ans, avaient été abattues ce même jour par un raid israélien. Dimanche 18, la journée jusqu’ici la plus meurtrière, 31 Palestiniens avaient été tués, « en majorité des femmes et des enfants », note le correspondant de l’AFP. Autant dire que, comme en décembre 2008 et en janvier 2009, c’est la population civile qui est ciblée. Lundi matin, des centaines de Palestiniens ont participé aux funérailles de neuf membres d’une même famille, tués la veille par une frappe israélienne sur leur maison. Au total, 1 350 bombes avaient été déversées sur la petite enclave palestinienne.

Sur un plan diplomatique, les discussions se poursuivaient au Caire, officiellement pour éviter une offensive terrestre dont Benyamin Netanyahou brandissait toujours la menace. Un responsable israélien s’est rendu dimanche dans la capitale égyptienne. Le président Mohamed Morsi a reçu le même jour les dirigeants des principaux mouvements palestiniens, le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, et le leader du Jihad islamique, Abdallah Challah. Le Premier ministre égyptien et le ministre tunisien des Affaires étrangères, ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, étaient attendus mardi à Gaza, tout comme le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu. On remarquera qu’aucun dirigeant européen ou occidental ne se rend à Gaza. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est allé à Jérusalem-Ouest pour y rencontrer les dirigeants israéliens, avant d’être reçu par Mahmoud Abbas à Ramallah. Tandis que Tony Blair, en visite à Jérusalem-Ouest, semble s’être souvenu qu’il était « l’envoyé spécial » du Quartette, cette formation fantomatique créée en 2002 et composée des États-Unis, de l’UE, de l’ONU et de la Russie. Mais cette diplomatie hémiplégique ne peut guère convaincre, dans la mesure où le tabou d’un dialogue direct avec le Hamas, décrété par Israël, n’est pas levé. Quant à Barack Obama, sa rhétorique n’est certes pas tout à fait celle de son prédécesseur, George W. Bush. Son embarras était même palpable dans une intervention faite le 18 novembre. Il a estimé  que les tirs de roquettes en direction d’Israël avaient « précipité » la crise à Gaza. On notera la nuance : « précipité » n’est pas « provoqué ». Et tout en réaffirmant très classiquement « le droit d’Israël à se défendre », il a ajouté que, si Israël pouvait obtenir l’arrêt des tirs de roquettes « sans accroissement de l’activité militaire », c’était « préférable ».

Reste à savoir si ces tournures alambiquées cachent quelques pressions diplomatiques en direction d’Israël, ou si elles ne font que traduire le trouble personnel du président américain. Selon Leïla Shahid (voir ci-contre), la vraie réponse d’Obama à ce qui se passe à Gaza est le choix de la destination de son premier voyage à l’étranger depuis sa réélection. « Il a choisi l’Asie et les questions économiques », observe la déléguée générale de la Palestine auprès de l’Union européenne. De son côté, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a réaffirmé son intention de déposer le 29 novembre le projet de résolution demandant d’accorder à la Palestine un statut d’État non membre aux Nations unies.

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