Le patron d’EDF s’augmente de 148 % en six ans

Le rapport annuel 2013 de la Cour des comptes, publié mardi 12 février, révèle que, de 2005 à 2010, la rémunération du PDG d’EDF a plus que doublé. Les autres dirigeants ne sont pas en reste.

Thierry Brun  • 12 février 2013
Partager :
Le patron d’EDF s’augmente de 148 % en six ans
© Photo : AFP / DAMIEN MEYER

Le rapport annuel 2013 de la Cour des comptes, publié mardi 12 février, est une mine de renseignements sur la gestion des finances publiques. Cette année, les magistrats ont procédé au contrôle des rémunérations à EDF dans un chapitre intitulé : « Les rémunérations à EDF SA : une progression rapide, une accumulation d’avantages, peu de liens avec les performances » .  

Le propos concerne l’ensemble des personnels, mais la partie de la rémunération des dirigeants est édifiante. Ainsi, de 2005 à 2010, révèle le rapport, « la rémunération globale du président-directeur général d’EDF SA a été multipliée, en euros courants, par 2,35 » . Un tableau indique qu’en 2005, la rémunération (fixe et variable) s’élève à 639 480 euros et qu’en 2011 celle-ci a grimpé à 1 588 000 euros.

« Au total, par rapport aux autres dirigeants statutaires d’entreprises cotées où l’État est actionnaire (12 entreprises en tout, 18 personnes concernées), qui figurent dans le rapport 2010 de l’Agence des participations de l’État, le président d’EDF occupait la quatrième place pour la rémunération fixe, après ceux de GDF-Suez, Renault et Dexia » , relève les magistrats qui rappellent que le plafonnement à 450 000 euros de la rémunération des dirigeants d’entreprises contrôlées par l’Etat, décidé en 2012, « ne manquera pas de modifier ces classements » .  

Les autres mandataires sociaux (directeurs généraux délégués) ne sont pas en reste : si l’on prend le cas du directeur général délégué chargé des finances, le salaire brut imposable est passé de 671 530 euros (en 2005) à 1 335 141 euros (en 2010). Pas mal non plus, le salaire du directeur général délégué chargé des opérations : il passe de 423 952 euros (en 2005) à 866 208 euros (en 2010). La Cour des comptes évoque des « gains très sensibles de pouvoir d’achat » , qui ignorent sans doute cette période de crise. 

Jusqu’à 2005, la direction du budget « suivait de manière très précise les situations individuelles des dirigeants des entreprises publiques » , souligne encore la Cour des comptes. Mais « depuis la création de l’agence des participations de l’Etat en 2004 » , il n’y a plus d’enquête réalisée sur ces dirigeants. Conclusion : « L’État a donc perdu une connaissance fine de l’évolution de la rémunération des dirigeants de l’entreprise dans son ensemble, et singulièrement des plus hauts dirigeants » .

Économie
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Zucman light : « Bolloré ou Arnault pourraient très bien être exonérés de cet impôt »
Entretien 30 octobre 2025

Zucman light : « Bolloré ou Arnault pourraient très bien être exonérés de cet impôt »

Maître de conférences en économie à l’université de Bordeaux et coresponsable du département d’économie de l’Institut La Boétie, Éric Berr pointe la nécessité de la taxe Zucman et les limites de la version allégée par le Parti socialiste.
Par Lucas Sarafian
Taxe Zucman : le périlleux calcul des socialistes
Budget 30 octobre 2025 abonné·es

Taxe Zucman : le périlleux calcul des socialistes

Jouant la carte de la responsabilité, le PS rêve de faire adopter une mesure alternative à la taxe Zucman. Au risque de s’isoler du reste de la gauche et de perdre le rapport de force face au gouvernement.
Par Lucas Sarafian
Budget : « Le PS est en train de commettre une faute politique très grave »
Entretien 22 octobre 2025 abonné·es

Budget : « Le PS est en train de commettre une faute politique très grave »

Depuis lundi matin en commission, Claire Lejeune, députée insoumise de la septième circonscription de l’Essonne débat du volet recettes du projet de loi de finances 2026. Sans réussir à obtenir d’avancées majeures, alors que les débats en séance commencent vendredi.
Par Pierre Jequier-Zalc
À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur
Reportage 15 octobre 2025 abonné·es

À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 14 octobre contre le traité de libre-échange UE-Mercosur, à Paris, à l’appel du syndicat. Un texte qui exercerait une concurrence déloyale pour les agriculteurs français et menacerait la santé et le climat.
Par Vanina Delmas