Tenez vos promesses, monsieur le Président !

Chaque semaine ou presque, MM. Hollande et Ayrault reculent face à la grogne d’un lobby ou d’une corporation sur la politique fiscale.

Denis Sieffert  • 7 novembre 2013
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Chaque semaine ou presque, le gouvernement se trouve confronté à la grogne d’un nouveau lobby ou d’une corporation. La cible est toujours la même : la politique fiscale. Et chaque semaine ou presque, MM. Hollande et Ayrault reculent. Ne soyons pas naïfs, derrière ces explosions de colère se profilent une droite revancharde, l’extrême droite et un patronat de combat. C’est le retour du poujadisme. Du nom du papetier de Saint-Céré qui haranguait les foules sous la IVe République, appelant à la révolte contre l’impôt. Juste retour de l’histoire, puisque c’est avec Pierre Poujade qu’un certain Jean-Marie Le Pen entra en politique et se fit élire à l’Assemblée en 1956. Mais, si la situation d’aujourd’hui rappelle quelques mauvais souvenirs de ce genre, la faute n’en revient-elle pas d’abord au gouvernement ?

« J’engagerai avec le Parlement la réforme fiscale dont le pays a besoin », avait promis le candidat François Hollande dans son discours du Bourget, le 22 janvier 2012. « C’est pour la justice, avait-il poursuivi, que je veux que les revenus du capital soient taxés comme ceux du travail. » Dix-huit mois après son élection, on attend toujours. Une grande réforme fiscale aurait deux vertus : la justice et la simplicité. Au lieu de cela, nos concitoyens ont l’impression d’un entassement de niches et de taxes qui ajoutent à la confusion. Cette politique multiplie les manifestations d’intérêts particuliers. Là où l’impôt devrait unifier, créer un sentiment de justice et de solidarité, la politique du gouvernement divise et fragmente. Elle prête le flanc à des éruptions de colère confuses comme celle des « bonnets rouges » de Quimper, où des salariés en proie au désespoir manifestent avec le patronat et l’extrême droite. Alors, oui, monsieur le Président, tenez vos promesses !

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