Tollé à gauche contre les annonces de Manuel Valls

Michel Soudais  • 16 avril 2014 abonné·es

Les députés socialistes sont loin d’avoir tous apprécié les annonces d’économies faites par Manuel Valls à l’issue du conseil des ministres.
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Des annonces découvertes à la télé en pleine réunion de groupe, comme s’en sont plaints sur Twitter Michel Pouzol, Jérôme Guedj ou Christian Paul. « Nous étions 150 députés et nous avons écouté dans un silence de mort ces annonces » , a raconté ce dernier, député de la Nièvre et proche de Martine Aubry, qui les a jugé « inacceptables en l’état sur le fond comme sur la forme »  :
« Sur la forme, on prend de vitesse la majorité parlementaire pour la mettre devant le fait accompli alors qu’on nous avait promis un dialogue en amont. Sur le fond, nous n’avons pas été élus pour organiser la perte de pouvoir d’achat des retraités, des fonctionnaires et des salariés qui bénéficient de prestations sociales. »
« La gauche au pouvoir, c’est plus que ne pas remettre en cause le Smic, ce n’est pas juste échapper au pire » , a déclaré sur BFM-TV le député socialiste Laurent Baumel . Initiateur avec Christian Paul et les courants de gauche du PS de l’appel pour un contrat de majorité avant le vote de confiance qui avait recueilli les signatures de 80 députés, il prévoit « de sérieuses difficultés pour le gouvernement pour le vote du 30 avril » .

Le gel du point d’indice des fonctionnaires (gelé depuis si longtemps qu’il est carrément cryogénisé) , la non-indexation des retraites et des prestations sociales, et le report de l’augmentation du RSA sont assez unanimement décriés.

Pour Marie-Noëlle Lienemann , ce « sont des ponctions faites au détriment du pouvoir d’achat des couches populaires et moyennes » . « Ce n’est pas juste » , poursuit la sénatrice de l’aile gauche du PS, « c’est de surcroît antiéconomique car ces mesures vont réduire la consommation intérieure indispensable à la vitalité de bon nombre de nos entreprises » et « sont négatives pour l’emploi » .

Illustration - Tollé à gauche contre les annonces de Manuel Valls

Un avertissement lancé également par François Delapierre , secrétaire national du Parti de gauche qui observe, dans un communiqué, que Manuel Valls n’a «  donné qu’un aperçu très général des coupes qui s’annoncent » ; « mais les rares mesures qu’il a précisées représentent déjà des sacrifices pour le grand nombre » . Le matraquage anti-social s’amplifie, dénonce aussi Ensemble!, troisième composante du Front de gauche, qui ne se satisfait pas du « rejet du sous-Smic ou [du] maintien des créations de postes dans l’éducation» : ces deux annonces «ne rendront la pilule moins amère» .

Olivier Dartigolles , porte-parole du PCF, note quant à lui que Manuel Valls n’a délivré qu’un «  seul et unique message : ‘ça va saigner. Et à tous les étages’ » . « ‘Plus vite, plus fort’, en effet, mais en aucun cas ‘plus juste’ » , résume-t-il. « Pour toute réponse au message des urnes, le Gouvernement choisit la fuite en avant dans la régression sociale » , abondent les députés du Front de gauche qui déplorent que cette amplification du programme d’austérité ne vise qu’à « donner des gages et complaire à la Commission européenne » .

Cette politique est «pathétique» , renchérit un communiqué de Nouvelle Donne pour qui le pacte de responsabilité du gouvernement est «la preuve de l’effondrement intellectuel et politique du parti socialiste et la preuve que ce gouvernement comme le précédent est sous l’influence et la tutelle de l’industrie financière» .
« C e plan d’économies est incompatible avec la transition écologique et sociale » , soulignent de leur côté les deux porte-parole d’ EELV , Julien Bayou et Sandrine Rousseau dans un communiqué qui résument en trois mots les économies annoncées : « Inéquité, austérité et inefficacité. »

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