Paroles de résistances : De nouveaux jours heureux

Pour sa huitième édition, le rassemblement Paroles de résistances a réuni 1 500 militants aux Glières, en Haute-Savoie.

Patrick Piro  • 5 juin 2014 abonné·es

«M onsieur Hollande, soyez respectueux de la République, tenez vos promesses ! » Walter Bassan brandit la lettre qu’il vient de lire à la tribune et se propose de l’envoyer au Président. « Qui me soutient ? » Dans l’air tiède et lumineux du plateau des Glières, haut lieu savoyard du maquis de la Résistance, près de 1 500 mains se lèvent. La civilité oratoire de l’ancien résistant déporté à Dachau ne résonne pas moins fort que le discours de combattant de Laurent Pinatel. Le porte-parole de la Confédération paysanne, à peine sorti de garde à vue pour avoir participé au démontage de la salle de traite de la ferme des « mille vaches » [^2], voit venue l’heure du « grand rassemblement des luttes ». Les 31 mai et 1er juin, pour la huitième année de suite, résistants d’hier et d’aujourd’hui ont mêlé les indignations et les contributions à l’avènement de nouveaux « jours heureux », sur l’exemple du programme du Conseil national de la résistance (CNR) de 1945. Infatigable président du Secours populaire, Julien Lauprêtre évoque son incarcération pendant quelques jours avec Missak Manouchian, peu avant que ce dernier soit fusillé. Le Palestinien Jamal Hweil livre un témoignage poignant sur le calvaire de ses camarades prisonniers en Israël, en grève de la faim.

Résistances et reconquêtes : Jean-Jacques Tanquerel, médecin, vient de gagner le procès que lui a intenté l’hôpital de Saint-Malo, parce qu’il dénonçait la privatisation de données médicales confidentielles de milliers de patients. Massa Koné rapporte comment l’opposition des paysans a fait plier des entreprises chinoises et sud-africaines qui avaient accaparé près de 30 000 hectares de terres au Mali. À Lescar, près de Pau, 130 Compagnons d’Emmaüs font vivre un remarquable village anticapitaliste, qui reçoit « dix demandes d’accueil par jour », rapporte Germain Sarhy, responsable de ce programme. La veille, un forum s’était livré pendant trois heures à l’exercice d’un gouvernement « CNR 2.0 ». Dans une salle bondée du bourg de Thorens-Glières, les nouveaux ministres ont soumis leurs projets à l’approbation directe du parterre des députés du peuple. Peu d’utopies lointaines, mais l’étalage d’un vrai programme de gauche et écologiste, dont la crédibilité s’impose par touches successives à travers les idées consistantes d’un Gérard Filoche sur le droit du travail, d’un Pierre Larrouturou défendant le partage de l’emploi ou d’un Serge Portelli aux accents de Robert Badinter pour une justice humaniste et réparatrice.

[^2]: Voir Politis.fr

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