Échos de guerre

Le Britannique Tony Hymas met en musique des textes sur la Résistance.

Ingrid Merckx  • 18 décembre 2014 abonné·es

Le livret suffirait presque. Tant il y a d’à propos, déjà, à faire correspondre des extraits de textes sur la Résistance écrits par Desnos, Char, Ponzan, l’instituteur communiste Georges Guingouin, le journaliste Astier de La Vigerie, Suzy Chevet, cette «  Graine d’ananar » selon Ferré, ou des lettres de résistants. Surgit une certaine mémoire de la guerre, bien sûr, mais aussi une certaine idée de la résistance : « Résister, manger sa voix / Sous la tenaille… / Tenir tête à la canaille / Re-tricoter son armure / Pour oublier les blessures. »

Mis en musique par le compositeur et pianiste britannique Tony Hymas, le texte devient spectacle, les auteurs s’enchevêtrent. On coule ainsi du dernier paragraphe de Demain (Desnos) au premier tiré des Feuillets d’Hypnos (Char), grâce à un même chemin harmonique. La partition change, mais à peine : un ballet de cymbales, un pianoté inquiétant, et la mélodie profonde jouée par les cuivres devient plus claire, enchaînant les deux textes comme les mouvements d’un même morceau. Les extraits sont parfois chantés, comme dans la belle composition autour de « Je trahirai demain » (Marianne Cohn), mais souvent dits. Sur la musique, ils groovent. Tony Hymas a réuni une bande de musiciens, de comédiens et de chanteurs pour ces Chroniques de Résistance répétées dans une terre choisie, le Limousin. Accents de l’époque, rythmiques militaires ou jazz, valse ou rap, on entend aussi des mots venus de plus loin, comme dans « Addi Bâ », hommage aux tirailleurs sénégalais, ou un poème shawnee envoyé par Barney Bush, militant pour les droits indiens et la défense de l’environnement, à Tony Hymas. Ce poème, écrit en 1991, l’un des morceaux les plus prenants de l’album, lui est revenu à l’esprit lorsqu’il préparait ces Chroniques. Il joue une sorte d’écho, de suite.

Musique
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