Les ravis de la crise

Le CICE a surtout servi à récompenser les actionnaires.

Thierry Brun  et  Charles Thiefaine  • 12 février 2015 abonné·es

Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) du gouvernement n’a pas inversé la courbe du chômage, pas plus que celle des dividendes versés aux actionnaires. En 2014, les entreprises du CAC 40 ont en effet délivré 56 milliards d’euros à leurs actionnaires sous forme de dividende et de rachats d’actions, chiffre en hausse de 30 % d’après une étude publiée dans le quotidien les Echos. Ce total égale presque le record atteint en 2007 par les grands groupes cotés en Bourse, avant la crise financière. Les rachats d’actions ont grimpé de 55 %, atteignant 10,2 milliards d’euros, tandis que les dividendes distribués ont bondi de 25 %. 45,8 milliards d’euros ont été versés en cash ou en actions. Une double augmentation qui témoigne de « la bonne santé des grandes entreprises », rapporte un des auteurs de l’étude. Et d’un effet d’aubaine créé par le gouvernement.

Cet accroissement des dividendes versés ne s’explique pas que par les rachats d’action de L’Oréal et la distribution d’actions d’Hermès par LVMH, deux groupes parmi les plus généreux avec leurs actionnaires, dont Total, Sanofi et GDF Suez. Ces trois derniers, avec EDF, Orange et BNP Paribas, « représentent presque 50 % des dividendes », souligne l’étude. Ces entreprises ont réalisé des profits records tout en empochant le CICE, un avantage fiscal, sans pour autant avoir créé d’emplois. Total, qui n’a pas versé d’impôt sur les sociétés en France, a évalué le montant de son CICE entre 25 et 29 millions d’euros. Celui de BNP Paribas est estimé à 26 millions d’euros, celui d’Orange à près de 80 millions d’euros et celui d’EDF à plus de 70 millions. GDF Suez a chiffré le sien à 105 millions en année pleine. En 2014, le gouvernement a cependant doublé l’enveloppe allouée au CICE, passant de 10 à 20 milliards d’euros. Certains peuvent lui dire merci.

Économie
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