Stop-« socialisme »

Il se peut que tu aies des proches pris dans l’engrenage de la radicalisation socialiste.

Sébastien Fontenelle  • 5 février 2015 abonné·es

Je ne voudrais surtout pas t’inquiéter, René(e) [^2]. Mais je me dois de te dire qu’il se peut (c’est pas une fatalité, mais ça se peut, dans cette époque troublée) que tu aies toi aussi, dans tes parages immédiats – et nonobstant que tu t’es sur ce point, et depuis de longues années, montré(e), j’en suis bien certain, constamment vigilant(e) –, des proches pri(se) s dans l’épouvantable engrenage de la radicalisation « socialiste », qui fait d’être humains (à peu près) normalement constitués des loques reaganistes et sécuritaires en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.

J’en conviens : c’est flippant. Mais heureusement – grâce à Dieu, comme on dit chez la gauche laïque – pas complètement désespéré, si du moins tu apprends à décrypter « les premiers signes qui peuvent alerter [^3] ». Pour toi, René(e), cadeau : voici donc une liste des « comportements » qui « peuvent être » autant de « signes qu’un processus de radicalisation est en marche », et que si tu ne le signales pas très (très) vite aux services compétents, le jeune Kevin, quatorze ans, dont tu as jusqu’à présent considéré qu’il était un adolescent PPC (particulièrement pas chiant), finira première gâchette rue de Solférino.

1. Kevin se met à réciter qu’il est temps que la gauche brise ses tabous. (Des fois, même, il se met à scander qu’il urge qu’elle fasse son Bad Godesberg.)

2. Kevin soudain rugit que la gauche est business friendly, et que MM. Hollande et Valls auront bientôt fini de moderniser (enfin) le droit du travail (sous les hourras de M. Gattaz), alors qu’attendent les investisseurs de la Chine populaire pour déployer dans la Beauce leurs générosités ?

3. Kevin brame qu’il est le meilleur ami du prolétariat, mais ne fréquente que des patrons, petits ou grands – à la fin de leur consentir (aux frais des contribuables) de très conséquentes libéralités, c’est toujours ça que les pauvres n’auront pas.

4. Kevin rait qu’il aime plus que tout la liberté (et les « valeurs » y afférentes, « l’universalisme » françousque, tout ça), puis se précipite au chevet des maîtres d’airain de la (déjà citée) Chine populaire ou de l’Arabie saoudite, en priant très fort pour que personne ne se rende compte qu’il se fout de la gueule du monde.

5. Kevin profère qu’étant de gauche il est bien sûr très attaché à ce que les musulman(e) s d’ici puissent vivre sans essuyer tous les deux mètres des crachats dégueulasses – ou philippetessoniques – mais ne manque jamais d’ajouter que ça serait quand même bien qu’on fasse aussi la preuve que l’islam est bien compatible avec la République.

Bref, René(e), tu l’auras compris : c’est quand Kevin devient complètement imbuvable que tu dois craindre qu’il ne bascule définitivement du côté obscur de la « gauche ». Je t’en conjure : sois sur tes gardes.

[^2]: Si tu ne t’appelles pas René(e), tu l’auras compris : mieux vaut que tu passes ton chemin, tu n’es pas concerné(e) par ce qui va se dire ici. (Non, reviens, je rigole. Reviens, quoi, t’es pas drôle, là.)

[^3]: Ces citations, t’auras deviné, sont prélevées dans le (sidérant) site gouvernemental « Stop-Djihadisme ».

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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