Christiane Taubira démissionne… enfin
La Garde des Sceaux Christiane Taubira, opposée à la réforme constitutionnelle de la déchéance de nationalité, a remis sa démission à François Hollande. Le député du Finistère Jean-Jacques Urvoas a été nommé pour la remplacer.
François Hollande et Christiane Taubira « ont convenu de la nécessité de mettre fin à ses fonctions au moment où le débat sur la révision constitutionnelle s’ouvre à l’Assemblée nationale, aujourd’hui (mercredi) en Commission des Lois », écrit l’Elysée dans un communiqué.
Christiane Taubira a réagi sur twitter :
Parfois résister c’est rester, parfois résister c’est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l’éthique et au droit.
L’ex-députée de Guyane s’est dite « fière » de son action Place Vendôme depuis 2012. Elle a notamment fait adopter au parlement la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe. « La Justice a gagné en solidité et en vitalité. Comme celles et ceux qui s’y dévouent chaque jour, je la rêve invaincue », écrit-elle.
Elle n’a pourtant pas manqué de raison de démissionner depuis l’adoption de la loi sur le mariage pour tous (mai 2013), qu’elle a portée avec courage. Le virage social-libéral sur le front économique et social, la loi Renseignement défendue bec et ongles par son successeur Jean-Jacques Urvoas, son opposition larvée avec le premier ministre Manuel Valls… Malgré le départ en 2014 de tous les ministres représentant la gauche du Parti socialiste, elle avait choisi de rester.
Le choix de son successeur marque la volonté du gouvernement de se resserrer autour de la ligne dure incarnée par Manuel Valls. Spécialiste des questions de sécurité, M. Urvoas (56 ans) est l’actuel président de la Commission des lois de l’Assemblée nationale. Il était à ce titre chargé d’une mission pour trouver une solution à la réforme constitutionnelle de la déchéance de nationalité, à laquelle Mme Taubira s’était publiquement opposée à plusieurs reprises.
Loi sur la déchéance de nationalité qui a été publiée ce matin, délestée de toute référence aux binationaux. « Aucun élément qui pourrait laisser penser qu’il y aurait une discrimination entre les Français ne sera retenu », a déclaré une source proche du dossier à l’AFP.
Manuel Valls doit défendre cette réforme constitutionnelle mercredi matin devant la commission des lois de l’Assemblée. Celle-ci prévoit la constitutionnalisation de l’état d’urgence, décrété le 13 novembre et dont l’exécutif envisage par ailleurs la prolongation pour trois mois, et l’inscription dans la constitution de la déchéance de nationalité pour les personnes condamnées pour crimes terroristes.
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