Le vin bio coule à flots dans les gosiers

Ce secteur de l’agriculture bio ne connaît pas la crise et bat tous les records de production. De quoi réjouir les organisateurs du Printemps du bio qui se tient du 1er au 15 juin

Claude-Marie Vadrot  • 31 mai 2016
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Le vin bio coule à flots dans les gosiers
© Photo: PASCAL PAVANI / AFP

Au cours des quatre dernières années, les surfaces des vignobles français exploités en bio, quelle que soit la méthode choisie par les viticulteurs, ont été multipliées par trois, dépassant les 64 000 hectares en 2015. Parmi les 26 400 agriculteurs convertis à la culture sans pesticides, il y en a 20 % qui se consacrent à la vigne bio et produisent du vin dit « biologique » sur les étiquettes. Une appellation très contrôlée qui implique à la fois une production de raisin sans engrais, traitement chimique ni herbicide, et une vinification sans tricheries chimiques et avec un minimum de sulfite fixée par la réglementation.

Un pourcentage grandissant de ces viticulteurs bio, même si ce n’est pas une obligation de la nouvelle réglementation, française et européenne, qui date du 1er juillet 2012, s’est même lancé dans une fermentation sans addition de souffre longtemps présenté comme seule solution pour la conservation du vin.

Réaction à l’intoxication chimique

Cette explosion mérite au moins deux explications.

D’abord un grand nombre de viticulteurs ne souhaite plus s’intoxiquer en traitant, ni saturer les terres de produits dangereux, ni empoisonner les maisons et villages qui entourent leurs vignobles. En effet, selon l’INRA, Institut National de la Recherche agronomique, les surfaces vinicoles qui ne représentent que 4 % de la surface agricole utile, reçoivent au moins 15 % des pesticides épandus en France.

Ensuite, dans un marché pinardier plutôt hésitant et multipliant les vins élaborés autant dans des laboratoires que dans des cuves, notamment pour « effacer » les conséquences du réchauffement climatique, les vins bio et les vins naturels, les vins issus de l’agriculture biodynamique, se vendent bien et même de mieux en mieux. Notamment ceux d’Alsace, mais aussi ceux du Languedoc et surtout de Bourgogne et du Bordelais où les « alchimistes » du pinard déçoivent depuis des années les amateurs tentés de les boire avec de plus en plus de modération. Lassés d’ingurgiter des breuvages au « goût suivi », issus de manipulations de moins en moins catholiques. Le beaujolais « nouveau » en étant un exemple aussi emblématique que dissuasif.

Consommation plus jeune et plus féminine

D’après les enquêtes (1) menées en 2015, 34 % des Français boivent du vin bio au moins une fois par semaine. Habitude qui concerne les femmes et les hommes à part égale alors que, globalement les premières, selon les études de consommation, sont habituellement moins intéressées par le vin. Même remarque pour les moins de 30 ans. 

Ce changement tendrait à prouver que les femmes et les jeunes font plus confiance à cette boisson quand elle est garantie d’origine bio. Même s’il ne suffit pas qu’un vin soit bio pour être gouleyant car avoir de bonnes intention n’est pas toujours une garantie du talent du viticulteur et des résultats organoleptique…

Du producteur au consommateur

La consommation, donc grandissante, de vin arborant le label bio, repose de plus en plus souvent sur une relation entre un ou plusieurs vignerons, puisque 40 % des achats sont effectués directement à la propriété. Ce qui garantit une marge supérieure pour le viticulteur et un prix inférieur pour les acheteurs, les uns et les autres étant débarrassés des intermédiaires. Les grandes surfaces comme les caves spécialisées, de plus en plus nombreuses.

Preuve des progrès des ventes, directes ou non, de ces vins, elles représentent actuellement un chiffre d’affaires annuel supérieur à 500 millions d’euros. Une progression de 65 % au cours des cinq dernières années. Ce qui situe désormais la France comme troisième producteur dans le monde, juste derrière l’Espagne et l’Italie que les producteurs et consommateurs de vin bio français sont sur le point de rattraper.

Une évolution qui permettra de lever son verre avec plaisir et sans modération lors du Printemps du bio qui se déroule du 1er au 15 juin prochain.

PS: A lire avec modération…

Écologie
Temps de lecture : 3 minutes
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