Jean-Pierre Mignard, intime d’Hollande, envisage d’aider Macron

L’intérêt que cette figure discrète du PS porte à l’ancien ministre de l’Economie n’est pas une surprise pour qui se souvient des thèses des « transcourants » au milieu des années 80.

Michel Soudais  • 2 décembre 2016 abonné·es
Jean-Pierre Mignard, intime d’Hollande, envisage d’aider Macron
© Photo: Jean-Pierre Mignard à la tribune d'une AG du PS parisien, le 7 octobre 2008 (Michel Soudais).

Jean-Pierre Mignard ne compte pas parmi les socialistes en vue. Pourtant, plusieurs fois membre du conseil national du PS, il a été le président de l’association Désirs d’avenir, fondée par Ségolène Royal pour la campagne présidentielle de 2007. Il a surtout été le porte-parole de la Haute autorité du PS chargée de surveiller le déroulement de la primaire présidentielle de 2011, avant de présider la Haute autorité éthique (HAE) du PS, de janvier 2014 à mars 2016. Il s’en est de lui-même mis en retrait pour ne pas avoir à donner raison aux militants qui avaient saisi la HAE afin d’obtenir l’organisation, inscrite dans les statuts du PS, d’une primaire pour 2017. Lui y était personnellement hostile, le Président étant sortant et, de plus, son ami. Car cet avocat de renom, codirecteur de la rédaction de Témoignage chrétien, est un intime de François Hollande, parrain de deux de ses quatre enfants.

Au lendemain du renoncement de ce dernier à se représenter, Jean-Pierre Mignard a clairement laissé entendre sur Europe 1 qu’il soutiendrait désormais… Emmanuel Macron : « Si je peux l’aider, je l’aiderais », a-t-il lancé. Non sans justifier une proximité entre l’ancien ministre de l’Economie et François Hollande.

François Hollande pense qu’il faut une transformation du Parti socialiste, sans doute de la gauche. Et peut-être que ça renvoie aux tentatives d’Emmanuel Macron qu’il faut suivre avec beaucoup d’intérêt et que pour ma part je suivrai avec intérêt.

L’intérêt que Jean-Pierre Mignard porte à Emmanuel Macron n’est pas une surprise pour qui se souvient des thèses défendues par les « transcourants » au milieu des années 80. Ce petit groupe de socialistes mené par François Hollande, qui comprenait également Jean-Yves Le Drian, indéboulonnable ministre de la Défense, et Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l’Elysée, défrichait une « troisième voie » avant Tony Blair et Gherard Schröder, prônant l’abandon du social. « Pour être modernes, soyons démocrates », proclamaient-ils d’ailleurs dans une tribune au Monde (décembre 1984) qui anticipait les évolutions de la social-démocratie.

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Ce texte appelait les socialistes à ne pas s’arc-bouter « sur leurs croyances anciennes » et à « tordre le coup à quelques tabous préhistoriques » :

Disons le tout net, au risque de provoquer, la conception dogmatique de la classe ouvrière, l’idée que le lieu du travail pourrait être aussi un espace de liberté, la notion d’appartenance des individus à des groupes sociaux solidaires, l’affirmation d’un programme politique atemporel, tout cela doit être abandonné.

La lecture de leurs textes n’est pas sans résonances avec ce qu’Emmanuelle Macron professe : « Nous étions même en dernier ressort pour les petits boulots (…). Au moins n’élevions-nous pas de digues de pureté rhétorique contre la crue débordante du chômage », rappelait Jean-Pierre Mignard dans une tribune au Nouvel observateur en 2007.

Son soutien à Emmanuel Macron présage-t-il d’autres soutiens venus des rangs socialistes ? Interrogé sur ce que pourrait faire Ségolène Royal, dont il est également proche, Jean-Pierre Mignard s’est gardé de tout pronostic : « Je ne suis pas une hirondelle, et pour le printemps, c’est un peu tôt. » Son choix laisse toutefois à penser que Jean-Christophe Cambadélis n’avait pas tout à fait tort de s’alarmer début octobre dans le JDD : « Si Hollande n’y va pas, le PS explose », avait lancé le patron du PS.