Tous pour l’union ?

Une pétition en ligne rassemble de nombreux défenseurs d’une alliance à gauche. Pour autant, les sympathisants, comme les cadres des partis, ne sont pas unanimes sur la question.

Hugo Boursier  • 1 février 2017 abonné·es
Tous pour l’union ?
© Photo : Francois Photo : PAULETTO/ CITIZENSIDE/AFP

Au lendemain de la victoire de Benoît Hamon, ils étaient presque 17 000 à souhaiter l’union des gauches sur la pétition Change.org lancée quelques jours plus tôt. Les signataires veulent un changement de « débat et d’agenda politique », « une coalition claire, efficace et précise », refusant une « dérive droitière qui ne reflète pas la pluralité d’opinions qui composent le paysage politique et citoyen de France ».

Créée par deux groupes venant de Nanterre et de Lille « qui se retrouvent dans les idées des insoumis, des communistes, des écologistes et des socialistes », la pétition a aussi été partagée sur le blog de Mediapart, recueillant le soutien de personnalités comme Caroline De Haas, la députée européenne Front de gauche Marie-Christine Vergiat ou le porte-parole d’Attac Thomas Coutrot.

L’appel reste lucide sur les divergences entre les candidats : « Nous sommes conscients des débats qui existent entre vous, entre nous. Nous ne les minimisons pas […]_. Nous pensons simplement qu’ils ne sont pas suffisants pour empêcher la construction d’une majorité sociale et politique. »_ C’est bien là toute la difficulté, car, comme le précisent les « unionistes », s’il y a déjà des différends entre les deux partis et la France insoumise, les sympathisants ne forment pas non plus un ensemble homogène. Les nuances sont de rigueur entre les favorables, les tentés mais sous conditions, et les refus catégoriques.

« J’aime bien l’idée », concède Laurence, 43 ans, qui travaille à la Mairie de Paris. « J’ai voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2012, et pour François Hollande au second tour. Depuis que j’écoute Benoît Hamon, je suis réceptive à ses idées et j’aime son caractère. Mais Jean-Luc Mélenchon est parfois trop caractériel et il veut prendre la tête de son mouvement. Une union me semble difficilement réalisable. Qui prendra le lead ? », s’interroge-t-elle.

La personnalité du candidat de la France insoumise est aussi le point qui fait hésiter Florent. Cet étudiant de 30 ans, plutôt favorable à Jean-Luc Mélenchon faute d’un autre candidat « simplement de gauche », est désormais titillé par la percée de Benoît Hamon. « Entre Hamon et Mélenchon, je voterai pour celui qui aura le plus de chances, en fonction des sondages », prévoit Florent, qui reconnaît toutefois « avoir du mal avec la personnalité » de ce dernier.

Son ami Guillaume, prof de maths dans un collège parisien, ajoute: « Bien sûr, c’est un rassemblement entre Mélenchon et Hamon qu’il faut ! » Une union entre l’aile gauche du PS et la France insoumise, Thomas, la quarantaine, encarté PS en Seine-et-Marne, n’y croit guère : « Mélenchon ne voudra jamais se retrancher derrière Hamon, et Hamon ne peut pas ne pas y aller maintenant qu’il a été élu à la primaire. » Lui juge que « Benoît » peut réussir seul si Macron se déporte sur sa droite pour attirer les fillonistes.

Quid des Verts ? Nombreuses sont les personnes qui voient une alliance naturelle entre Hamon et Jadot. Philippe, contrôleur de gestion, et Magali, cadre administrative, suivent « les Verts depuis longtemps ». « Une alliance ne me surprendrait pas, ce serait normal et plutôt souhaitable », estime Magali, 54 ans. Une position que son époux explique par le fait qu’« Hamon donne l’impression d’écouter autour de lui. C’est le seul qui semble ne pas penser qu’à sa personne ». Pour lui, Jean-Luc Mélenchon « a choisi une forme politique qui exclut les chances d’une coalition avec le PS ».

Comme le couple, Servane, militante de 18 ans aux Jeunesses socialistes, observe « des idées qui sont partagées par les candidats, notamment sur l’écologie, une question centrale dans leurs programmes ». La jeune passionnée de politique pense à l’horizon du PS : « Benoît Hamon donne de l’espoir pour un projet sur le long terme avec le parti », et elle n’exclut pas un rapprochement avec Macron. Comme Didier, 59 ans et sympathisant socialiste : « Hamon et Macron sont tous les deux bienveillants, tolérants, modernes. » Un rapprochement vers le centre qui serait un point de non-retour pour Mélenchon.