Emmanuel Macron : trois petits tours et puis s’en va

En tête du premier tour, Emmanuel Macron a prononcé quelques mots devant ses militants, puis s’en est allé. La victoire face à Marine Le Pen est presque assurée et le prochain enjeu se dessine déjà : les élections législatives.

Nadia Sweeny  • 23 avril 2017
Partager :
Emmanuel Macron : trois petits tours et puis s’en va
© photo : Eric FEFERBERG / AFP

Il est enfin apparu. Peu après 22h, dans cette immense salle du hall 5,3 du Parc des expositions de la Porte de Versailles, où seuls quelques centaines de militants l’attendaient impatiemment, Emmanuel Macron, n’a prononcé qu’une poignée de mots et puis s’en est allé. Un peu court tout de même.

Pourtant, dans la salle de 6 400 m2 louée pour l’événement, les quelques centaines de militants et sympathisants d’En Marche !, après s’être enlacés en entendant les résultats, ont longtemps attendu, dans une ambiance de dance-floor un peu surfaite. Les habituels petits drapeaux français étaient de rigueur, laissant paraître quelques pavillons européens.

« Tu le vois ? », a lancé Marika à son époux qui lui réponds par la négative. Cette ancienne communiste – pendant les années 1970 – attendra son champion jusqu’au bout. « Je vote Macron en électrice de gauche », affirme celle qui aurait rêvé être « une anarchiste » mais qui n’a jamais sauté le pas. « Macron est moderne, il sort du clivage droite-gauche : je ne voudrais pas voter à droite à l’insu de mon plein gré ! », s’exclame-t-elle. Autour d’elle, beaucoup de jeunes sont venus voir « la star ». Certains n’ont même pas l’âge de voter : « On est venus par curiosité… pour voir le futur Président. »

D’autres votaient en revanche pour la première fois de leur vie et ont opté pour le candidat d’En Marche !. « C’était le moins pire, il est nouveau, il ne trempe pas dans les affaires et il ne veut pas sortir de l’Europe », lance d’une traite Jérémy, 18 ans. Addisalem, 18 ans elle aussi, confirme. Pour cette étudiante qui se définit comme « sociale-démocrate », son candidat « veut une Europe de la coopération, pas de la confrontation. Nous vivons dans un monde mondialisé : on a besoin d’un peu de libéralisme et puis, c’était le seul candidat qui pouvait battre Marine Le Pen. Pour moi, il représente l’article 1 de la Constitution : la France indivisible », renchérit-elle.

« Président des patriotes face à la menace des nationalistes »

Sixte, 45 ans, originaire du Bénin, a préféré Emmanuel Macron après avoir voulu voter pour François Fillon. « Dès que les affaires sont sorties j’ai changé d’avis : on ne peut pas gouverner en étant mis en examen : ce n’est pas possible. Et puis il a une vraie dynamique. Il est plus jeune que moi, ça change ! »

Pourtant, dès qu’on aborde la question des législatives, les choses se corsent un peu. Lors de son discours, Emmanuel Macron a d’ailleurs rapidement abordé la question. Après avoir fait applaudir ses adversaires, il a rapidement évoqué la « majorité parlementaire à construire dès demain. » Pour lui, c’est déjà l’enjeu. Car, si l’on en croit les estimations, Emmanuel Macron devrait, sans surprise, prendre la place de François Hollande le 7 mai prochain, devançant Marine Le Pen.

Celui qui se veut « le Président des patriotes face à la menace des nationalistes », assurant une « alternance véritable », n’a cependant pas rendu publique la liste finale des candidats investis par En Marche ! pour les élections législatives. « C’est un peu tard, s’inquiète Sixte. Je ne connais pas le candidat d’En marche ! dans ma circonscription et je ne suis pas sûr de voter pour lui… Je ne suis d’ailleurs pas sûr qu’Emmanuel Macron aura une majorité au Parlement et ça m’inquiète un peu. » Pour Marika au contraire, « il y aura une vague En Marche ! ».

Alexis, militant dans les Hauts-de-Seine, ne s’inquiète pas outre mesure : « Dès lundi, les députés de droite et de gauche viendront taper à notre porte. » La « rupture Macron » ?

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Budget : les chiffres qui montrent que la gauche est en train de perdre
Analyse 22 octobre 2025

Budget : les chiffres qui montrent que la gauche est en train de perdre

La majorité des plus de 1 700 amendements déposés par les députés ont été examinés par la commission des finances. Et le premier bilan chiffré n’est pas bon pour les groupes parlementaires du Nouveau Front Populaire, dont la majorité des amendements ont été rejetés.
Par Pierre Jequier-Zalc
En commission, le RN et la Macronie s’allient pour défendre un budget d’ultra-riches
Analyse 22 octobre 2025 abonné·es

En commission, le RN et la Macronie s’allient pour défendre un budget d’ultra-riches

Les débats sur le volet recettes du projet de loi de finance pour 2026 ont débuté ce lundi en commission des finances, donnant à voir une alliance tacite entre le bloc central et le RN pour protéger les privilèges des plus aisés et des grandes entreprises.
Par Pierre Jequier-Zalc
Budget : « Le PS est en train de commettre une faute politique très grave »
Entretien 22 octobre 2025 abonné·es

Budget : « Le PS est en train de commettre une faute politique très grave »

Depuis lundi matin en commission, Claire Lejeune, députée insoumise de la septième circonscription de l’Essonne débat du volet recettes du projet de loi de finances 2026. Sans réussir à obtenir d’avancées majeures, alors que les débats en séance commencent vendredi.
Par Pierre Jequier-Zalc
VIDÉO – Soutien à Nicolas Sarkozy : « Honte à la justice ! »
Reportage vidéo 22 octobre 2025

VIDÉO – Soutien à Nicolas Sarkozy : « Honte à la justice ! »

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées le 21 octobre au matin dans le XVIe arrondissement de Paris pour protester contre l’incarcération de Nicolas Sarkozy. Reportage.
Par Pauline Migevant