Trump vire le chef du FBI six ans avant la fin de son mandat

James Comey a été remercié mardi soir par le président américain. Une décision sans doute liée aux progrès de l’investigation du Bureau fédéral d’enquête sur les tentatives présumées du Kremlin de peser sur le résultat de la dernière élection présidentielle.

Claude-Marie Vadrot  • 11 mai 2017
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Trump vire le chef du FBI six ans avant la fin de son mandat
© photo : RON SACHS / CONSOLIDATED / DPA

Mardi soir Donald Trump a renoué avec l’esprit de l’émission de téléréalité qui a contribué à le faire connaître des Américains entre 2008 et 2015 sur la chaîne NBC, « The Apprentice ». Un show télévisé au terme duquel, après avoir entendu des candidats à un poste, il prononçait une phrase devenue célèbre aux USA, « You are fired » (« Vous êtes viré ») à l’adresse des impétrants qui ne lui plaisaient pas.

Sa dernière victime, dans la vie réelle cette fois, a été le chef du FBI James Comey, qui a appris son éviction mardi soir en regardant la télévision à Los Angeles, où il était en déplacement. D’où un véritable séisme politique aux États-Unis où il était prévu qu’il soit longuement entendu par un commission d’enquête sénatoriale.

Le premier problème, c’est que ce haut responsable du renseignement intérieur américain avait été nommé en 2013 par Barack Obama et qu’il bénéficiait d’un mandat de dix ans destiné à le préserver de toute interférence politique.

Ensuite, ce limogeage présidentiel, qui a même surpris, voire scandalisé, des sénateurs de son parti et évidemment les parlementaires démocrates, est intervenu quelques heures avant l’arrivée à Washington du ministre des Affaires étrangères russe, reçu mercredi à la Maison Blanche par le président américain.

Cadeau à Sergueï Lavrov

Comme le chef du FBI a pris depuis quelques semaines personnellement la direction de l’enquête sur les suspicions de compromission de membres de l’équipe électorale du président élu avec des officiels russes pendant sa campagne électorale, beaucoup se demandent si le limogeage du responsable du renseignement n’est pas lié aux progrès de cette investigation. À plusieurs reprises, l’entourage de James Comey a laissé entendre à des journalistes américains qu’elle « progressait rapidement ».

Ce dénouement surprise, expliquent des députés et sénateurs démocrates, est peut-être également lié à l’abandon officiel par le FBI des enquêtes portant sur les mails officiels d’Hillary Clinton qui avaient transité par sa messagerie privée. Sans oublier les soupçons portant sur la responsabilité du Kremlin dans le détournement des informations contenues dans les échanges et dans certains ordinateurs du Parti démocrate.

Donc, aux yeux de nombreux Américains, la décision surprise du Président apparaît comme un cadeau à Sergueï Lavrov, venu de toute évidence apporter une offre de relations pacifiées entre Vladimir Poutine et Donald Trump.

Aux États-Unis, on évoque une affaire aussi grave que celle du Watergate, qui avait entraîné la démission de Richard Nixon au cours de l’été 1974, alors que les parlementaires se préparaient à le destituer.

Monde
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