Sus aux fake news !

De trop nombreux sites ont prétendu que M. Macron voulait en finir avec la « connivence » entre politicien(ne)s et journalistes.

Sébastien Fontenelle  • 10 janvier 2018 abonné·es
Sus aux fake news !
© photo : RICCARDO DE LUCA / ANADOLU AGENCY

Emmanuel Macron a déclaré dans ses « vœux à la presse » – émouvante cérémonie républicaine où se pressent rituellement des journalistes confit(e) s en dévotion – qu’il partait, comme l’a rapporté Le Parisien, « en guerre contre les “fake news” ». Puis de préciser : « En cas de propagation d’une fausse nouvelle, il sera possible de saisir le juge à travers une nouvelle action en référé permettant, le cas échéant, de supprimer le contenu mis en cause, de déréférencer le site, de fermer le compte utilisateur concerné, voire de bloquer l’accès au site Internet. »

C’est assurément une excellente nouvelle, tant le colportage de telles menteries atteint en France, depuis quelques mois, des niveaux plus qu’alarmants. Au surplus, cette décision présente l’avantage, considérable, qu’elle sera très facile à mettre en œuvre. En effet : les sites qui propagent ces bobards sont connus – et, de fait, facilement identifiables.

Il s’agit, par exemple, de tous ceux (et ils sont si nombreux qu’il serait vain d’essayer même d’en dresser la liste dans l’espace misérablement congru de ces deux minuscules feuillets) qui ont prétendu – après ses vœux à la presse, justement – qu’Emmanuel Macron voulait en finir avec la « connivence » entre politicien(ne)s et journalistes, et qui ont même osé affirmer que le chef de l’État avait déclaré : « La proximité à laquelle nous avions pu nous habituer n’était bonne ni pour le pouvoir politique ni pour l’exercice du métier de journaliste. »

À l’évidence, ces propos sont – effrontément – mensongers. Car, dans la vraie vie, Emmanuel Macron, loin de réprouver ce compérage, le pratique très assidûment : rappelons-nous qu’il a embauché comme porte-parole de sa présidence, au mois de septembre 2017, le journaliste Bruno Roger-Petit, lequel avait auparavant passé de longues semaines à le flatter.

Même, Emmanuel Macron vient (il y a très peu, et devant des millions de témoins) de hisser cette « connivence » et cette « proximité » (dont tant de sites falsificateurs voudraient nous convaincre qu’il les improuve) à des hauteurs où jamais encore elles n’avaient culminé : c’était lors de son « interview présidentielle » par Laurent Delahousse, diffusée le 17 décembre sur France 2, et qui restera dans les annales de la flagornerie médiatique comme un échantillon exceptionnellement représentatif de ce que le correspondant de Reuters à l’Élysée appelle « le pire du journalisme de déférence à la française ».

Puis, bien sûr, il faudra sanctionner aussi les sites qui vont répétant, à longueur de temps, que le libéralisme est pour l’humanité un horizon indépassable, et que les réformes qu’induit son imposition – et qui se trouvent être, par une merveilleuse coïncidence, celles que veut également Emmanuel Macron – sont « nécessaires » et « urgentes ». Puis d’autres encore – mais bien souvent ce sont les mêmes – qui produisent quotidiennement, sur l’immigration et sur l’islam, notamment, les répugnantes contre-vérités où s’alimente la xénophobie de l’époque… Vivement !

P.-S. : Bonne année.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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