Tunisie : Le ras-le-bol social

Sept ans après la chute de Ben Ali, la Tunisie est de nouveau au bord de l’explosion.

Politis  • 17 janvier 2018
Partager :
Tunisie : Le ras-le-bol social
© Yassine Gaidi / ANADOLU AGENCY

Sept ans après la chute de Ben Ali, qui a marqué le début des révolutions arabes, la Tunisie est de nouveau au bord de l’explosion. Le seul pays arabe qui ait réussi une véritable avancée démocratique est confronté à une situation sociale aggravée. C’est la Loi de finances qui concentre la colère d’une grande partie de la population. Cela, parce qu’elle n’offre aucune perspective de sortie de crise à un pays frappé par des baisses de pouvoir d’achat, un chômage massif (15 % officiellement, beaucoup plus en réalité) et l’effondrement du tourisme. Elle prévoit au contraire une augmentation de la TVA, des impôts sur la téléphonie et l’immobilier. En fait, après Ben Ali comme avant sa chute, la Tunisie vit toujours sous la tutelle du FMI, qui applique ses recettes mortifères.

L’euphorie politique des premières heures de la révolution est rapidement retombée. L’économie n’a pas suivi. Et les fragiles acquis démocratiques s’en trouvent menacés. Pourtant, la Tunisie est le seul pays qui a réussi à éviter le retour de la dictature, et qui a intégré la mouvance islamiste dans son système politique. Aujourd’hui, Ennahdha, branche tunisienne des Frères musulmans, figure dans une coalition gouvernementale dominée par le parti Nidaa Tounes, qui a « recyclé » plusieurs personnalités proches de l’ancien régime. Pour tenter d’éteindre le début d’incendie, le gouvernement envisage d’adopter une batterie de mesures sociales : « Nous travaillons à un socle de protection sociale, un revenu minimum, une couverture maladie universelle et un plan logement », a indiqué mardi une source gouvernementale sous couvert de l’anonymat, sans plus de précision. Le FMI peut-il l’admettre ?

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Enfant de la guerre, Mohamed Bagary dénonce l’oubli du Soudan
Portrait 24 novembre 2025 abonné·es

Enfant de la guerre, Mohamed Bagary dénonce l’oubli du Soudan

Enfant d’El-Fasher, ville du Soudan aujourd’hui ravagée par les massacres, le trentenaire vit à distance la perte de son frère, le drame de sa famille et de son peuple. Depuis la France, il s’efforce de faire entendre une tragédie ignorée.
Par Kamélia Ouaïssa
Franco : une récupération aux mille visages
Extrême droite 20 novembre 2025 abonné·es

Franco : une récupération aux mille visages

Quarante ans de dictature franquiste ont imprimé en profondeur la société espagnole. Son empreinte, décryptée par l’historien Stéphane Michonneau, pèse aujourd’hui sur le débat politique, en y insufflant les relents nauséabonds du fascisme. Même si le franquisme est maintenant poursuivi par la loi.
Par Olivier Doubre
« Le franquisme sociologique n’a jamais disparu en Espagne »
Entretien 20 novembre 2025

« Le franquisme sociologique n’a jamais disparu en Espagne »

Secrétaire d’État chargé de la mémoire démocratique, un portefeuille créé en 2020, Fernando Martínez López alerte sur les appétits dictatoriaux du parti d’extrême droite Vox et milite pour la connaissance des luttes en matière de droits fondamentaux.
Par Pablo Castaño
Le fantôme de Franco hante toujours l’Espagne
Monde 20 novembre 2025 abonné·es

Le fantôme de Franco hante toujours l’Espagne

Cinquante ans après la mort du dictateur, l’ancien roi Juan Carlos publie un livre de mémoires qui ravive les polémiques. Alors que le parti d’extrême droite Vox progresse, le pays oscille entre les conquêtes démocratiques d’une société transformée et les persistances d’un héritage franquiste.
Par Pablo Castaño