En Espagne, une grève générale pour les droits des femmes

Pour le 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes, les principaux syndicats appellent à cesser le travail, notamment dans les transports.

Politis.fr  et  AFP  • 7 mars 2018
Partager :
En Espagne, une grève générale pour les droits des femmes
photo : manifestation du 8 mars 2017 à Madrid.
© LORA GRIGOROVA / CROWDSPARK

Un grand mouvement grève pour les droits des femmes ? C’est de cette façon originale que les syndicats espagnols entendent célébrer la journée internationale du 8 mars demain.

Un appel à une grève générale pour défendre les droits des femmes, lancé par les principaux syndicats, devrait ainsi occasionner de fortes perturbations dans les transports. Sur les trajets interurbains, 200 trains sur 568 ne circuleront pas, même si environ 65 % du service sera assuré. Concernant les trains à grande vitesse ou couvrant des longs trajets, 105 sont annulés (72 % du service assuré).

Pour la centrale syndicale Commissions ouvrières (CCOO) , il s’agit de dénoncer le « négationnisme sur les inégalités » entre hommes et femmes, qui se sont encore aggravées avec la dure crise financière vécue par le pays entre 2008 et 2014. Celle-ci, a récemment déclaré son secrétaire général, a entraîné une perte de pouvoir d’achat de 22 % dans les secteurs les plus féminisés. Il faut aussi dénoncer l’inégalité « en termes d’embauche, de harcèlement et de violence subie par des milliers et des milliers de femmes », selon l’Union générale des travailleurs (UGT).

La grève fait l’objet de débats depuis des semaines en Espagne et de nombreuses personnalités ont annoncé qu’elles y participeraient. Certains collectifs féministes ont aussi invité les femmes à ne pas consommer et à renoncer aux tâches domestiques. Ainsi, l’égérie du réalisateur Pedro Almodovar, l’actrice Penelope Cruz, a annoncé qu’elle annulait certains engagements et serait aussi en grève « domestique », laissant le soin de ses deux enfants à leur père Javier Bardem.

Deux des cinq femmes ministres du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy sur 14 ont pour leur part estimé qu’il serait préférable d’observer une « grève à la japonaise », autrement dit, une grève du zèle, scandalisant la gauche. Mariano Rajoy a cependant pris ses distances avec ces déclarations mardi et accepté de recevoir un collectif de femmes de chambre, qui se plaignent de leurs emplois de plus en plus précaires et sous-payés.

Une grande manifestation est également prévue dans les principales villes à partir de 19 heures.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Droit international : quand règne la loi du plus fort
Monde 9 juillet 2025 abonné·es

Droit international : quand règne la loi du plus fort

Les principes du droit international restent inscrits dans les traités et les discours. Mais partout dans le monde, ils s’amenuisent face aux logiques de puissance, d’occupation et d’abandon.
Par Maxime Sirvins
Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face

Depuis les traités de Westphalie, le droit international s’est construit comme un champ en apparence neutre et universel. Pourtant, son histoire est marquée par des dynamiques de pouvoir, d’exclusion et d’instrumentalisation politique. Derrière le vernis juridique, le droit international a trop souvent servi les intérêts des puissants.
Par Pierre Jacquemain
La déroute du droit international
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

La déroute du droit international

L’ensemble des normes et des règles qui régissent les relations entre les pays constitue un important référent pour les peuples. Mais cela n’a jamais été la garantie d’une justice irréprochable, ni autre chose qu’un rapport de force, à l’image du virage tyrannique des États-Unis.
Par Denis Sieffert
Au Blanc-Mesnil, qui veut déraciner les Tilleuls ?
Reportage 9 juillet 2025 abonné·es

Au Blanc-Mesnil, qui veut déraciner les Tilleuls ?

Ce quartier populaire de Seine-Saint-Denis doit être transformé en profondeur. Mais, face à une municipalité qui prône un « rééquilibrage » de sa sociologie, les 10 000 habitants se sentent dépossédés de ce projet de rénovation urbaine qui fait tout pour les faire partir.
Par Névil Gagnepain