« Le Rock arabe » : Souk électrique

Deux soirs durant, à Paris, le Rock arabe propose une stimulante traversée musicale entre Orient et Occident.

Jérôme Provençal  • 2 octobre 2018 abonné·es
« Le Rock arabe » : Souk électrique
Photo : Le groupe Teleferik pratique un rock bigarré et chaotique.
© eve saint-ramon

Activiste au long cours des nuits parisiennes, à la fois comme DJ et comme organisateur d’événements, Guido Minisky cultive l’art de la mixité musicale autant qu’il promeut l’importance de la fraternité culturelle. Ce faisant, il se démarque nettement de l’esprit de chapelle qui règne encore trop souvent dans le milieu de la nuit. Il œuvre en particulier au sein d’Acid Arab, duo formé avec Hervé Carvalho et situé dans une bouillonnante zone de confluence entre musiques électroniques – notamment l’acid house – et compositions du monde arabe.

Depuis quelques années, la dynamique de rapprochement avec les musiques orientales s’avère une tendance forte dans la sphère de l’électronique et du hip-hop. Elle se perçoit nettement moins au niveau de la pop ou du rock. « Ça faisait un bail que j’attendais de voir éclore en France une nouvelle génération de groupes qui mêleraient pop ou rock avec des musiques arabes, déclare ainsi Guido Minisky. J’ai le sentiment qu’il se passe quelque chose avec des groupes tels que Teleferik et Mauvais Œil. »

C’est cette intime conviction qui lui a donné envie d’organiser le Rock arabe, un mini-festival dédié à cette scène naissante, dont le nom ne doit toutefois pas être entendu stricto sensu. Inscrit dans l’orbite de la fameuse sono mondiale chère à Actuel et à Jean-François Bizot, l’événement aspire plus largement à faire entendre des musiques hybrides plongeant leurs racines à la fois en Orient et en Occident. Très proche d’Acid Arab, avec qui il avait notamment enregistré la chanson « Houria », Rachid Taha apparaît comme une autre grande figure tutélaire pour Guido Minisky.

Jeunes groupes en plein essor, tous deux menés par une chanteuse très charismatique, Teleferik et Mauvais Œil sont les deux têtes d’affiche de cette première édition. Duo franco-libanais composé d’Eliz Murad (chant, basse) et d’Arnaud Vincendo (guitare), Teleferik pratique un rock bigarré et chaotique, porté par la voix intense d’Eliz Murad – qui chante en arabe, en anglais et en français. Révélé par le disque autoproduit Lune Electric, sorti en 2015, le groupe devrait ici donner un large avant-goût de son nouvel album, annoncé pour 2019 et enregistré avec Rizan Saïd (fidèle partenaire d’Omar Souleyman) et Kenzi Bourras (membre du groupe de Rachid Taha), deux maîtres des claviers orientaux.

Découverte via la planante chanson « Al Warda » du groupe La Femme, qu’elle interprète avec grâce, la chanteuse d’origine algérienne Sarah Benabdallah est la figure centrale du trio Mauvais Œil, aux côtés de Myriam Stamoulis (basse) et d’Alexis Lebon (guitare). Ensemble, ils développent un envoûtant univers musical dont le large spectre d’influences s’étend du raï au rock psychédélique en passant par la new wave.

Le DJ et percussionniste Shadi Khries, distillant une électronique mâtinée de musique traditionnelle jordanienne, et Ida Coen, invité(e) mystère oscillant entre rock, électro et musiques orientales, sont également au programme – sans oublier Guido Minisky, qui officiera chaque soir aux platines.

Le Rock arabe, les 4 et 5 octobre, au 1999, 127, rue Saint-Maur, Paris XIe.

Musique
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