Faire contre-culture

La crise sanitaire a ébranlé les certitudes. Mais elle est venue renforcer nos convictions.

Agnès Rousseaux  • 3 juin 2020
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Faire contre-culture
© Photo : Muhammed Emin Canik / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

La crise sanitaire a ébranlé les certitudes. Mais elle est venue renforcer nos convictions : les sujets portés depuis plus de trente ans par Politis sont au cœur des choix civilisationnels auxquels nous devons faire face aujourd’hui. Notre rôle, aussi, s’en trouve confirmé : analyser la complexité de nos sociétés, identifier ce qui est structurant et essentiel, ce qui bâtit notre monde, les lignes de force de notre époque et les voies possibles. « Penser l’événement pour ne pas succomber à l’actualité », comme le disait Hannah Arendt. Lutter contre l’insignifiance et l’indifférence, provoquer des basculements intimes, susciter des débats collectifs, être un outil d’émancipation de chacun et de tous, comme Politis a su le faire depuis sa création.

Cette crise nous invite aussi à aller plus loin : la voix de notre journal doit être davantage entendue. Nous ne pouvons rester confinés dans les marges de notre société. Il nous faut pour cela inventer d’autres manières de faire du journalisme et de diffuser notre média, en phase avec les évolutions de nos lectorats, avec les nouvelles attentes de celles et ceux qui ne nous lisent plus ou qui ne nous lisent pas encore. La presse que nous défendons, engagée, exigeante, et bien sûr indépendante des pouvoirs politiques et économiques, se doit d’être accessible à tous. Comment atteindre davantage les jeunes, les classes populaires, tous ceux qui n’ont pas un accès direct à des médias indépendants, rigoureux et combatifs ?

Nous devons aussi passer un cap pour faire contre-culture et peser dans le débat public. Mutualiser nos moyens avec d’autres est une nécessité. Il y a urgence à construire, avec ceux qui partagent notre vision, des forces médiatiques à la hauteur des défis sociaux et écologiques. Travailler ensemble, dans la diversité de nos cultures et de nos analyses, de nos parcours personnels et de nos histoires collectives. Donner de l’écho à celles et ceux qui en France et dans le monde cherchent des alternatives crédibles et esquissent des réponses possibles. Poser les désaccords, organiser le débat, chercher ce qui rassemble pour sortir des crispations stériles, contribuer à construire un récit collectif qui puisse être entendu par le plus grand nombre. Nous avons un rôle à jouer dans la structuration et la diffusion des idées et expériences qui dessinent les contours du monde à venir.

La tâche est évidemment immense. Nous y contribuerons, ensemble, à hauteur de nos moyens. Cette dynamique n’aura de sens et de force qu’avec le soutien constant de nos lecteurs et lectrices, et de toutes celles et ceux qui veulent participer à relever ces défis.

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