Macron et l’écologie : chronologie d’un abandon

Après des signaux positifs en début de quinquennat, la présidence d’Emmanuel Macron n’est qu’une longue suite de reniements sur les marqueurs de l’écologie.

Vanina Delmas  • 30 mars 2022
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Macron et l’écologie : chronologie d’un abandon
© Amaury Cornu/Hans Lucas/AFP

Juin 2017

« Make Our Planet Great Again ! » Emmanuel Macron avait lancé cet appel à la suite du retrait des États-Unis de l’accord de Paris sous Donald Trump. Le but était d’inciter les scientifiques, ingénieurs et entrepreneurs états-uniens à venir travailler en France sur des « solutions concrètes » pour le climat.

Décembre 2017

Deux ans après l’accord de Paris sur le climat, Macron lance le premier One Planet Summit. Celui-ci est dédié à la finance verte. « Merci d’avoir décidé collectivement de refuser le fatalisme, et de gagner cette bataille collectivement, avec détermination et avec force, en prenant des engagements et en les tenant ! »

Janvier 2018

Abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, car « un tel projet qui structure le territoire pour un siècle ne peut se faire dans un contexte d’opposition exacerbée de la population » (Édouard Philippe).

Août 2018

Le Président divise par deux le prix du permis de chasse. Dans la foulée, Nicolas Hulot démissionne de son poste de ministre de la Transition écologique et solidaire, en direct sur France inter : « Je ne veux plus me mentir. Je ne veux pas donner l’illusion que ma présence au gouvernement signifie qu’on est à la hauteur sur ces enjeux-là. Et donc je prends la décision de quitter le gouvernement. […] C’était un véritable dilemme entre soit m’accommoder des petits pas – en sachant que, si je m’en vais, je crains que ce soit pire –, soit rester, mais donner ce sentiment que par ma seule présence nous nous mettons, en France ou en Europe, dans une situation d’être à la hauteur sur le pire défi que l’humanité ait jamais rencontré. »

Septembre 2018

Macron est désigné Champion de la Terre par le Programme des Nations unies pour l’environnement pour avoir « placé l’action pour le climat au sommet de sa politique étrangère ».

Novembre 2018

En plein mouvement des gilets jaunes, Macron présente sa stratégie pour la transition énergétique. Il en profite pour jouer la modestie et tente de faire croire qu’il a compris comment concilier fin du monde et fin du mois. « Je refuse que la transition écologique accentue les inégalités entre territoires et rende plus difficile encore la situation de nos concitoyens qui habitent en zone rurale ou en zone périurbaine. » Échec.

Février 2019

Les militants d’ANP-COP 21 lancent des actions de décrochage des portraits officiels du Président dans les mairies.

Avril 2019

Emmanuel Macron, à propos de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) : « Ce qui sortira de cette convention, je m’y engage, sera soumis sans filtre soit au vote du Parlement, soit à référendum, soit à application réglementaire directe. »

Août 2019

Macron nous fait croire qu’il a fait sa mue écolo en déclarant sur Konbini, la veille du G7 : « Le mouvement de la jeunesse [de protestation contre l’inaction climatique] m’a fait réfléchir. J’avais des convictions… J’ai changé d’ailleurs très profondément ces derniers mois. »

Novembre 2019

Abandon du projet EuropaCity. _« __C’est un projet d’une autre époque, fondé sur une consommation de masse d’objets et de loisirs._ _Ce n’est vraiment pas vers ce modèle que s’oriente le gouvernement : nous souhaitons éviter autant que possible ce genre d’équipements, qui concentrent l’activité à l’écart des villes, dévitalisent les centres historiques et créent d’importants besoins de transports »_, confie l’Élysée au _Monde_.

Février 2020

Visite d’Emmanuel Macron sur la mer de Glace, le plus grand glacier français, situé au pied du mont Blanc. « Je n’imaginais pas une fonte aussi rapide, c’est impressionnant. On se rend compte comment les non-décisions ont fait en arriver là. » Dans un discours à Chamonix sur l’urgence climatique, « combat du siècle », il estime que « le combat pour la biodiversité est indissociable de la lutte contre le réchauffement ».

Septembre 2020

Le Président s’exprime sur le passage de la France à la 5G : « J’entends beaucoup de voix qui s’élèvent pour nous expliquer qu’il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile ! Je ne crois pas que le modèle amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine. »

Décembre 2020

Interview de Macron sur Brut, à propos du glyphosate : « Je n’ai pas changé d’avis. Je n’ai pas réussi. » Il s’était engagé en novembre 2017 pour une interdiction du pesticide « au plus tard dans trois ans ».

Août 2021

Adoption de la loi climat et résilience, qui découle de la CCC. Finalement, seulement 10 % des 149 propositions issues de la convention ont été retenues.

Octobre 2021

Le tribunal administratif de Paris ordonne à l’État français de prendre « toutes les mesures utiles » pour réparer, d’ici à fin 2022, le préjudice écologique causé par le développement illégal des budgets carbone entre 2015 et 2018. Succès pour les ONG qui ont lancé l’Affaire du siècle en 2019.

Décembre 2021

Le cancer de la prostate provoqué par l’usage du chlordécone reconnu comme maladie professionnelle. Macron affirmait, lors du « grand débat national » en 2019, qu’« il ne faut pas aller jusqu’à dire que c’est cancérigène parce [que ce] n’est pas vrai et qu’on alimente les peurs ».

Décembre 2021

Lors de son interview « bilan » sur TF1, Macron ne parle pas du climat.

Février 2022

Discours pronucléaire de Macron à Belfort. Il dit « souhaiter » la construction de six EPR de deuxième génération, avec une mise en service du premier réacteur à l’horizon 2035. Macron entend également lancer des études pour au moins huit EPR supplémentaires.

Écologie
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