Tunisie, Egypte : Washington lâche …

… ses « fils de pute » !

Bernard Langlois  • 29 janvier 2011
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Je crois que l’expression date de la dictature des Somoza, une dynastie


Illustration - Tunisie, Egypte  : Washington lâche …


qui régna plus de quarante ans sur le Nicaragua, avant que le dernier en date, Anastasio, soit renversé, en 1979, par la révolution sandiniste (que je salue bien bas).

On l’attribue à Roosevelt, parlant du père : « Ce Somoza est un fils de pute, mais c’est notre fils de pute. »

Bien d’autres tyrans et tyranneaux, satrapes et bourreaux de leurs peuples ont été les « fils de pute » de la CIA et du département d’Etat américain, au fil des décennies et sur tous les continents. Ils avaient le soutien sans faille de l’Empire, hier pour “ contenir ” le péril communiste, aujourd’hui pour contrer la menace islamiste (et protéger Israël, pauvre petit Etat vertueux cerné par les forces hostiles …).

Ils ont été soutenus, protégés, armés, arrosés — de l’Asie à l’Afrique, de l’Amérique latine au Machrek et au Maghreb — sans même parler de l’Europe, où la plus grande démocratie du monde n’a pas mégoté son soutien, ni aux colonels grecs, ni à l’extrême droite italienne, notamment.

Les peuples les plus en butte à l’hostilité sans faille de Washington, par brutes galonnées interposées, étant bien sûr ceux de “l’arrière-cour” : l’Amérique centrale. Qu’on songe au blocus de Cuba, aux tentatives d’assassinat de Castro, aux diverses opérations de déstabilisation du régime, y compris militaires comme à la Baie des Cochons … Pour ma part, je suis d’accord avec Mélenchon : le jour où le blocus sera levé, on aura le droit (et même le devoir) de se montrer sourcilleux envers le régime castriste …

Or il arrive que les «fils de pute» vont un peu trop loin dans la putasserie, tapent un peu trop fort sur leurs assujettis qui, de temps en temps, se révoltent. Ça fait désordre. Et Washington n’aime pas trop ça, qui tient tout à la fois à sa réputation et à sa ceinture dorée. Le beurre et l’argent du beurre, avec en prime le cul de la crémière.

L’heure sonne alors de lâcher les «fils de pute» et de leur chercher des gagneuses plus présentables.

Ce qui vient de se passer en Tunisie, est en cours en Egypte, avant peut-être le Yémen ou la Jordanie, ou …

Comme on le constate, la situation bascule le jour où l’armée locale, après un nombre respectable de victimes et en accord avec la mère maquerelle américaine (ses sous-maîtresses européennes emboîtant le pas), l’a décidé.

Autrement dit : l’émeute du peuple ne trouve son débouché (provisoire) que lorsque la force des armes lui apporte son appui. Après, l’avenir n’est écrit nulle part, mais il est rarement très riant.

(Et ne croyez pas que je sous-estime ce facteur déclenchant qu’est l’émeute, au contraire : je suis éperdu d’admiration et remué au tréfonds par le courage de ces peuples aux mains nues qui affrontent leur bourreau au risque de leur vie. Vraiment.)

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