Une Leçon De Maintien De Christophe Barbier

Sébastien Fontenelle  • 2 juin 2011
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Illustration - Une Leçon De Maintien De Christophe Barbier

Il est pas (du tout) content, le taulier de L’Express .

(Christophe Barbier, donc.)

Il n’en peut plus, de la médiocrité de ses concitoyen(ne)s – putain, mais que ces gens sont de pauvres con(ne)s, c’est quand même pas (du tout) possible, d’être aussi bas(se) du front, mâme Dupont.

Ainsi, rédactionne Christophe Barbier dans son édito de la semaine: alors même que chacun(e) sait, «dans les antichambres des gouvernements» , que «la crise financière n’est pas finie» (et que «le gouffre de la dette publique s’est» si profondément «creusé sous le mince plancher de nos certitudes d’État providence» qu’ «il s’en faut de peu que nous chutions brutalement dans l’abîme» [^2]) – de quoi c’est qu’on parle, dans la France d’après?

«Parle-t-on de cela?»

Nenni: la crise va nous faire crever le mince plancher, mais «la France des bistrots» , loin de s’en alarmer, préfère «se demande (r) si c’est bien du sperme de Strauss-Kahn que l’on a trouvé sur le chemisier de la femme de ménage» .

Bonjour le niveau de la France des bistrots, confite dans ses «divagations» .

Itou, continue Barbier: alors même que «s’étend sur l’Occident» , comme dans un vieux film d’épouvante, l’ «ombre inquiétante» de «la révolution» du «monde arabe» (où les indigénats risquent fort de s’abandonner «aux vapeurs funestes de l’islamisme» ), de quoi se préoccupe-t-on?

«Parle-ton de cela?»

Toujours pas: les barbus marchent sur Tataouine, mais «la France des métros se demande si Georges Tron ne pousse pas le massage plantaire au-delà du pied» .

Décidément, c’est affligeant.

Et c’est pas fini, continue de continuer Barbier: «À Fukushima, l’horreur nucléaire a bien failli advenir» [^3] – mais «parle-t-on de cela» ?

Du tout: «La France des autos se demande» plutôt «si l’on va bien continuer à la prévenir à l’approche des radars» .

Sans déconner, ça fait vraiment pitié.

Heureusement: il y a Christophe Barbier, qui, refusant de se laisser tirer vers le bas, continue vaillamment, toutes les semaines, de mettre un peu d’hauteur de vue(s) dans la grossièreté du temps – comme le prouvent les trois dernières couvertures de son hebdomadaire.

Celle du 18 mai, d’abord – entièrement consacrée à la crise financière dont les Françai(se)s du zinc se désintéressent de toutes leurs forces, mais qui n’en finit plus, mâme Dupont, de perdurer, et ça, excusez-moi, mais c’est quand même autrement plus important que du sperme sur la liquette de la domestique:

Illustration - Une Leçon De Maintien De Christophe Barbier

Puis celle, sans concession(s), du 25 mai – d’où ressort très nettement qu’il serait temps de prendre la mesure de la révolution du monde arabe, au lieu de faire des fixettes sur DSK ou Georges Tron:

Illustration - Une Leçon De Maintien De Christophe Barbier

Puis celle, enfin, de ce matin – assurément la plus grave, pour ce qu’elle révèle, après Fukushima, de la dangerosité de l’atome:

Illustration - Une Leçon De Maintien De Christophe Barbier

J’étais en train de la contempler, quand, tendant l’oreille, j’ai entendu la-France-des-bistrots-et-du-métro-et-des-autos se demander combien de temps, Raymond, elle allait encore supporter, sans leur mettre son pied au cul, que des tartuffes de compète lui fassent des leçons de maintien?

[^2]: Commentaire composé: vous montrerez par quels procédés Christophe Barbier, comme d’hab, met son burlesque style au service de la promotion du capitalisme.

[^3]: Commentaire composé: vous montrerez par quel procédé Christophe Barbier nie que l’horreur nucléaire soit pour de bon advenue à Fukushima.

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