Une négociation UNEDIC sous de mauvais auspices

La négociation UNEDIC s’ouvre cette année dans un contexte particulier. Quoique s’en défendent les socialistes de bonne foi, la conférence de presse du Président marque un tournant celui du social-libéralisme « décomplexé ». Jusqu’où ira ainsi le gouvernement face à un MEDEF qui crânement avance ses revendications et joue un rapport de force vis-à-vis d’un pouvoir semblant avoir désarmé unilatéralement en ne s’opposant pas à la revendication du patronat du monopole de la création de richesse. Et du monopole de la représentation car les employeurs de l’ESS ne sont pas conviés.
_ Deux réactions alors qu’ s’ouvre la négociation : la CGT et le Forum social des saisonniers dont l’implication sur la précarité, au sein de l’ESS aussi, est importante.

Jean-Philippe Milesy  • 20 janvier 2014
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Assurance chômage : La CGT veut des avancées !

_ 17 01 2014

*La première séance de négociation de la convention d’assurance chômage s’est tenue ce vendredi 17 janvier 2014. Cette séance s’est limitée à une présentation par les services de l’Unedic de documents pointant ce qu’est la situation de l’assurance chômage et aux déclarations liminaires de chaque organisation.
_Si nous ne contestons pas les chiffres qui ont été avancés, nous ne partageons pas l’approche du MEDEF qui stigmatise les demandeurs d’emploi victimes de la précarité. Le patronat entend renforcer les devoirs et les sanctions à l’encontre des demandeurs d’emploi. Sous prétexte d’équité, il semble vouloir remettre en cause l’existence de règles spécifiques à certaines catégories de travailleurs privés d’emploi. Il entend aussi remettre en cause l’équilibre actuel entre solidarité nationale et rôle du régime d’assurance chômage.

La CGT ne peut accepter un nouveau dédouanement des responsabilités des entreprises, ce qui remettrait en cause notre système de protection sociale solidaire.
_ L’ensemble des organisations syndicales de salariés ont affirmé leur volonté de ne pas diminuer les droits des demandeurs d’emploi.
_ La CGT a rappelé qu’un demandeur d’emploi sur deux seulement était indemnisé, que le déficit de l’Unedic est avant tout lié au fait que 51% des entrées à Pôle-Emploi sont liées à la précarité induite par la flexibilité organisée du marché du travail (CDD et intérim) et que cette précarité coûte près de 8,5 milliards d’euros à l’assurance chômage.
_ Ce qui manque aujourd’hui, ce sont les emplois. Les annonces de la poursuite de l’austérité par le Président de la République et du pacte de « responsabilités » vont peser sur le niveau de croissance. Non seulement, il ne faut pas baisser les droits des demandeurs d’emploi en période de crise, mais il faut les améliorer !

La CGT entend porter une meilleure indemnisation des demandeurs d’emploi, une meilleure formation et des revendications qui visent à faire reculer le chômage. Quatre séances de négociation sont programmées, nous avons besoin que les salariés, les demandeurs d’emploi et les retraités soient au centre de ces négociations et interviennent.
_ La CGT les appelle à participer massivement aux manifestations qui auront lieu le 06 février prochain pour peser sur les choix qui seront faits, atteindre une vraie sécurité sociale professionnelle qui ne soit pas un mot creux et améliorer ainsi le sort de toutes et tous.*

Le Forum des saisonniers :Ouverture des négociations de l’UNEDIC.

Le scénario se met en place en quelques clics. Acte1 : Hollande annonce de nouvelles économies à réaliser sur les budgets (sociaux). Acte 2 La Cours des comptes met en garde l’assurance-chômage sur le creusement accru de son déficit. Acte 3 la presse interroge l’opinion sur les mesures à prendre. Acte 4 Les Français pensent qu’il faudrait une certaine dose de dégressivité sur les allocations. Bingo !
_ Hollande l’avait pourtant promis « nous interdirons les licenciements boursiers ». Comment ne pas considérer comme un délit ce qui consiste à fermer une entreprise (un bien social), à laisser sur le carreau les salariés et leurs famille pour la seule raison qu’une délocalisation vers des pays à moindre coût rapporterait plus ? La victime ne peut être tenue responsable de ce qui devrait être par tous considéré comme inadmissible. Qu’en plus les mêmes qui ont ces pratiques se retrouvent tous micros ouverts à la table des négociations pour évoquer les déficits qu’ils ont provoqués en licenciant… faudrait porter plainte ! Ou…
_ Ouvrons les comptes et les yeux : environ 3 300 000 personnes en décembre 2013.Auxquels s’ajoutent 570 000 personnes en CDI à temps partiel, 856 000 qui cherchent un CDD temporaire ou saisonnier, 239 000 en stage, ou maladie, 372 000 dispensés de recherche : Les contrats aidés, les 250 000 des DOM TOM qui ne sont pas comptés.
_ Les seniors de + de 55 ans non indemnisés et les plus de 57 ½ indemnisés qui ne sont pas comptabilisés. Il faut ajouter encore plus de la moitié des 1 300 000 personnes allocataires du RSA. Et ceux qui ne s’inscrivent pas : les jeunes, adultes handicapés, retraité pauvres, étudiants qui recherchent de quoi payer leurs études…Soit 8,5 millions, entre 25 et 30% de la population en âge de travailler. Ce que confirme Camille Dorival dans le hors série d’Alternative Economique n°99 « Le Halo du chômage… »
_ Il n’y a pas, il n’y aura pas sauf à changer d’ère de la politique un emploi pour chacun. Actuellement 1 seule offre pour 57 demandes. Quand les libéraux (type Wauquier) s’en prennent aux chômeurs qui profitent des allocations et auxquels il faudrait imposer des heures de travail d’utilité publiques, ils transforment la victime en coupable présumé. Lorsque le parlement adopte un texte qui défini ce qu’est une offre raisonnable d’emploi qu’il faudra accepter sous peine de sanction, il aligne notre droit sur les lois Hartz qui ont asséché une partie du salariat Allemand.
_ La première cause de retour à la case pôle emploi c’est la fin de contrat. Leur durée ne cesse de diminuer et leur nombre de croitre : en 10 ans les CDD de moins d’une semaine ont progressé de 80%.Ceux de moins d’un mois de 120%. Ceux là passent au travers des mailles du filet d’une indemnisation qui ne s’est pas ajustée à la durée réelle des contrats. Seulement 4/10 sont indemnisable.
_ La dégressivité brandit comme une nouvelle menace contre les chômeurs bien qu’elle n’en porte pas le non est déjà d’une redoutable efficacité. Près de la moitié des chômeurs le sont depuis plus d’un an. Où se dirigent les chômeurs en fin de droits ? Vers les minima sociaux .Où s’en vont ceux dont le contrat est trop court pour prétendre à une allocation ? Vers les sans ressources ou le RSA s’ils peuvent y accéder. _ Le travailleur pauvre devient un chômeur pauvre.
_ Une exigence s’impose donc : Inadapté à la réalité des contrats de travail, le système de l’UNEDIC doit être réformé. Il faut un système d’indemnisation unique pour tous ceux qui sont sans emploi, avec une base au moins égale à 80% du SMIC.

Richard Dethyre co animateur du Forum social des saisonniers 17 janvier 2014

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