Eurogroupe : l’acte de guerre de l’Allemagne contre la Grèce

Brève de Yéti

Le Yéti  • 12 juillet 2015
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Eurogroupe : l’acte de guerre de l’Allemagne contre la Grèce
Photo : AFP

Wolfgang Schaüble

Comment qualifier autrement qu’acte de guerre l’incroyable agression commise samedi à Bruxelles par le ministre allemand des finances Wolfgang Schaüble, assisté du président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, contre la Grèce et son gouvernement ?

À quel texte tordu de l’Union européenne se réfère-t-il pour envisager unilatéralement une exclusion temporaire de cinq ans d’un pays membre , mauvais élève coupable d’avoir rendu une mauvaise copie et sévèrement puni en conséquence par un maître autoproclamé ?

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Ce faisant, en décrétant cette punition, c’est une formidable aubaine qu’offre à son corps défendant Wolfgang Schaüble à Alexis Tsipras. Car ce dernier se serait trouvé dans une position bien inconfortable si l’Eurogroupe avait accepté les désastreuses dernières propositions grecques, comme y poussaient timidement certains autres membres tremblants de l’Eurogroupe (dont la France).

Si la gauche militante française s’échinait hier à trouver quelques circonstances atténuantes au leader de Syriza (le fameux syndrome bien de chez nous du héros vaincu, mais valeureux), le son de cloche en Grèce était tout autre, ainsi qu’en témoigne le dernier billet indigné de l’historien et ethnologue Panagiotis Gigoriou dans Greek Crisis.

Le besoin d’en finir

Un Grexit apparaît désormais comme la seule porte de sortie honorable et surtout salvatrice pour la Grèce. Alexis Tsipras aurait sans doute gagné à s’en persuader plus tôt, au lieu de s’épuiser à vouloir arracher un accord dont on sait depuis longtemps qu’il ne peut se résoudre qu’en une pieuse soumission à l’autorité ecclésiastique ultralibérale que constitue l’Eurogroupe.

Les obstacles à une sortie de l’euro sont certes redoutables et délicats, mais parfaitement surmontables et surtout bien moins calamiteux qu’une capitulation humiliante devant les diktats germano-européens. C’est ce que tente de démontrer très factuellement l’économiste Jacques Sapir dans un texte fondamental : « Les conditions d’un Grexit » .

Dans un entretien accordé au quotidien belge Le Soir, Emmanuel Todd soutient à juste titre que nous sommes en train d’assister en direct à la « 3e autodestruction de l’Europe sous direction allemande » .

« On est dans l’irrationnel et la folie: une sorte d’excès de rationalité qui produit un irrationnel collectif. D’un côté, ça peut encore durer très longtemps. Mais d’un autre côté, ce que j’ai senti, et pas seulement chez les Allemands et chez les Grecs, c’est le début d’un vertige, d’une attirance par la crise. Personne n’ose dire que ça ne marche pas, personne n’ose prendre la responsabilité d’un échec — car c’est un échec ahurissant, l’histoire de l’euro ! — mais on sent aussi chez les acteurs une sorte de besoin d’en finir. Plutôt une fin effroyable qu’un effroi sans fin. »

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