Les migrants en colère

Xavier Frison  • 2 avril 2007 abonné·es

À Calais et aux alentours, la situation des migrants ne s’améliore guère. Selon l’association Salam, « les arrestations, les violences, les « transferts » vers des centres de rétention de plus en plus éloignés, les courses poursuites, les chasses à l’homme avant, pendant et après le repas du soir » distribué par l’association, ont « augmenté en nombre et en intensité depuis plusieurs semaines ».

Le 31 mars, Salam rapporte que 38 migrants ont été arrêtés juste après le repas du soir. Le lendemain, « un Africain accompagné de sa femme enceinte de 7 mois a été arrêté et sa femme a échappé de justesse à l’arrestation en s’enfuyant en courant et en rejoignant les bénévoles » . Le 2 avril au matin, c’est, selon des témoins cités par l’association, un jeune Afghan qui était poursuivi et « molesté » par les CRS. Les migrants ont alors décidé de manifester leur colère au cours d’une marche pacifique dans les rues de Calais, jusqu’au commissariat de police. « Ils souhaitaient ainsi dénoncer l’attitude policière et tenter de rencontrer de hauts responsables persuadés que sans-papiers ne se conjuguait pas obligatoirement avec sans droit et sans respect, et encore moins avec violence », rapporte Salam. Déterminés, les candidats au passage en Angleterre ont alors décidé que si les violences et les arrestations ne s’arrêtaient pas, ils retourneraient devant le commissariat de police de Calais et engageraient une grève de la faim.

Car, contrairement aux promesses de Nicolas Sarkozy, « plus aucun dialogue n’existe depuis maintenant deux ans avec les différents représentants de l’Etat dans le département », dénonce l’association. Pire, « c’est la technique du harcèlement perpétuel qui a pris le relais avec une accentuation insoutenable depuis quelques semaines : arrestations musclées, utilisation massive de gaz , interpellations juste avant et après les repas voire durant les repas, arrestations renouvelées des mêmes migrants durant la journée en dépit de leur possession de papiers, provocation des bénévoles ». A Calais comme dans les autres goulots d’étranglement de l’immigration économique en Europe, rien n’est réglé.

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