Anti-OGM, les ONG ?

Thierry Jaccaud  • 27 septembre 2007 abonné·es

Àquoi jouent les ONG ? Alors que, pour la première fois, sur la question des OGM, surgit la possibilité de débattre de l’interdiction pure et simple de leur culture en plein champ, les différentes ONG impliquées dans le Grenelle de l’environnement (France nature environnement, la Fondation Nicolas-Hulot et l’Alliance, qui regroupe notamment les Amis de la terre, le WWF et Greenpeace) annoncent qu’elles s’engagent dans la discussion du détail du contenu d’une loi sur le contrôle de la culture d’OGM, avec scientifiques par-ci et comité d’éthique par-là ! C’est-à-dire d’une autorisation au cas par cas des OGM, avec beaucoup de précautions, certes, mais d’une autorisation quand même. Ces ONG seraient-elles devenues pro-OGM en passant du statut de semi-marginalité de ces trente dernières années à celui d’interlocuteurs du gouvernement, dignes d’être reçus dans les salons officiels ? Prenons la représentante de l’Alliance au groupe OGM du Grenelle, qui justifie sa participation à la définition du projet de loi par la nécessité d’avoir une attitude « constructive » et qui refuse de se dire opposée au principe même des OGM. Soyons sérieux : être constructif sur les questions agricoles, c’est parler du développement de la bio. Qui nécessite l’interdiction totale de la culture d’OGM. Ce que toutes les associations citées savent parfaitement. Mais alors ? Alors, elles expliquent avoir adopté une « stratégie ». Oui, discuter d’une loi destinée à développer les OGM ­ in fine, ne nous leurrons pas ­, mais uniquement pour y inclure des dispositions qui rendront de fait impossibles les cultures transgéniques. Ainsi, par exemple, l’obligation pour l’agriculteur de contracter une assurance s’il veut cultiver des OGM. Comme aucune compagnie n’accepte de couvrir ce genre de risques, une telle mesure interdirait de facto ces cultures. À la condition de croire avec la plus grande des naïvetés que de telles dispositions survivent aux lobbies jusqu’au vote final du Parlement !

Pas d’hostilité de principe, donc, pour mieux couler les OGM, dire « oui » pour faire passer le « non ». Pour gagner l’interdiction des cultures d’OGM en plein champ, miser sur leur autorisation au cas par cas : c’est la stratégie de Monsanto, celle du cheval de Troie ! On reste abasourdi devant une telle mécanique intellectuelle. Cette position est à ce point timorée que les ONG viennent de se faire doubler par… Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie, qui vient de déclarer, à mots couverts, envisager un gel des OGM, déclenchant la fureur des agro-industriels et de la Commission européenne. Amis associatifs, appelez un chat un chat, souvenez-vous que l’on n’obtient que ce que l’on demande, et pensez à vos adhérents !

Écologie
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