Blêmes HLM

Ingrid Merckx  • 27 septembre 2007 abonné·es

La France des propriétaires retardée : lors du Congrès de l’Union sociale pour l’habitat (USH, qui rassemble les organismes HLM) organisé du 18 au 20 septembre à Lyon, la ministre du Logement, Christine Boutin, n’a pas réussi à signer d’accord sur la vente de 40 000 logements sociaux par an.

Cet objectif présidentiel divise en effet les acteurs du secteur. Si les organismes dans la mouvance du 1 % patronal sont plutôt pour, les Offices d’HLM et la Confédération nationale du logement (CNL) dénoncent le désengagement de l’État et la fragilisation des faibles revenus. 1,3 million de demandes de logements sociaux en attente, 90 000 personnes sans domicile fixe : difficile d’admettre, dans la France de 2007, que la priorité soit d’arriver à 70 % de propriétaires. Au rang des mesures urgentes, la CNL, première organisation de locataires en France, cite l’arrêt immédiat des hausses de loyers, la tenue d’états généraux du logement et la revalorisation de 20 % des aides personnelles. La Confédération générale du logement craint, pour sa part, que l’objectif de vente fixé par l’État augmente l’endettement, brade le patrimoine locatif social, et crée de nouvelles copropriétés surendettées. « Ce qui m’intéresse, c’est comment encourager les maires bâtisseurs », a précisé Christine Boutin, qui a également annoncé une « task force » devant établir une « charte d’utilité sociale » .

Alors que les décrets d’application de la loi sur le droit au logement opposable (Dalo) sont en préparation, la politique gouvernementale relève de la « crampe idéologique » , a lâché Stéphane Peu, vice-président de la Fédération des offices et maire adjoint (PCF) de Saint-Denis. Tandis que le PS a dénoncé un « hold-up sur le social » . Pour calmer le jeu, Michel Delebarre, président de l’USH et député (PS) de Dunkerque, a proposé que la vente de logements HLM soit « totalement sécurisée » pour ne pas enfermer les accédants dans des situations dramatiques . C’est-à-dire qu’elle ne se substitue pas au financement « archinécessaire » du logement social, et qu’elle tienne compte des différences territoriales. L’USH a fait une série de propositions à Christine Boutin. Mais, aux bailleurs récalcitrants, la ministre a glissé qu’elle n’excluait pas le passage en force, envisageant d’affecter les ressources à ceux qui « font les efforts nécessaires » . Déjà entendu quelque part…

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Aux États-Unis, l’habit fait le trumpiste
Analyse 12 décembre 2025 abonné·es

Aux États-Unis, l’habit fait le trumpiste

Entre exaltation d’une féminité à l’ancienne, nostalgie d’une Amérique fantasmée et stratégies médiatiques, l’esthétique vestimentaire se transforme en arme politique au service du courant Maga. Les conservateurs s’en prennent jusqu’à la couleur rose d’un pull pour hommes.
Par Juliette Heinzlef
Naturalisation : des Palestiniens sous pression de la DGSI
Enquête 11 décembre 2025 abonné·es

Naturalisation : des Palestiniens sous pression de la DGSI

Convoqués par la Direction générale de la sécurité intérieure alors qu’ils demandaient la nationalité française, trois Palestiniens racontent les entretiens durant lesquels on leur a suggéré de fournir aux Renseignements des informations sur le mouvement associatif palestinien.
Par Pauline Migevant
« La surveillance des Palestiniens en Europe est très répandue »
Entretien 11 décembre 2025

« La surveillance des Palestiniens en Europe est très répandue »

En Europe, les Palestiniens sont de plus en plus ciblés par les surveillances numériques ou les fermetures de comptes bancaires. Layla Kattermann, responsable de la veille pour l’European Legal Support Center, revient sur ce standard européen de surveillance.
Par William Jean
À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives
Reportage 6 décembre 2025 libéré

À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives

Sur la plage de Gravelines, lieu de départ de small boats vers l’Angleterre, des militants d’extrême droite britannique se sont ajoutés vendredi 5 décembre matin aux forces de l’ordre et observateurs associatifs. Une action de propagande dans un contexte d’intimidations de l’extrême droite. Reportage.
Par Pauline Migevant et Maxime Sirvins