En attendant la guerre civile

L’Europe tente d’obtenir un sursis avant la proclamation unilatérale d’indépendance de la province autonome.

Claude-Marie Vadrot  • 20 décembre 2007 abonné·es

Les super-nationalistes serbes et les activistes kosovars se préparent à en découdre, dès que l’indépendance du Kosovo sera proclamée, probablement à la mi-février. D’ici là, le Premier ministre désigné, Hashim Thaci, s’efforcera, après avoir mis d’accord son parti (le parti démocratique du Kosovo) et la Ligue démocratique du Kosovo, de calmer les impatiences de la population. Cette échéance de février est la seule concession obtenue par l’Europe, maintenant que les négociations entre la Serbie et le Kosovo ont définitivement échoué. Au sud de la Serbie et dans la ville « serbe » de Mitrovica, des milices se préparent à intervenir, tandis que, dans les forêts au nord de Pristina, des commandos kosovars s’entraînent pour intervenir contre les 200 000 Serbes qui vivent encore au Kosovo.

Ces commandos sont composés d’anciens membres de l’UCK, l’Armée de libération du Kosovo. Et un enseignant kosovar qui a fait partie de cette armée en 1997 et 1998 nous confiait il y a quelques jours qu’ils étaient en grande partie financés par des mafias albanaises, celles qui mettent en coupe réglée l’Albanie et rêvent d’étendre leur emprise sur le Kosovo : parce qu’avec l’aide européenne et celle de l’Arabie Saoudite, très active autour des mosquées construites ou reconstruites, il y a beaucoup d’argent en circulation. Ces mafias, grâce à une administration aussi squelettique que corrompue, sont par exemple en train de procéder illégalement à la déforestation, y compris dans les espaces protégés. Elles tiennent également une partie du commerce des voitures et des officines de change puisque dans ce pays théoriquement serbe, c’est l’euro qui a officiellement cours.

Hashim Thaci, qui s’est rendu célèbre comme chef politique de l’UCK, craint que, dès la proclamation de l’indépendance, ou même quelques jours avant, les commandos kosovars, qui reçoivent d’importants contingents d’armes, tentent de prendre le contrôle des zones serbes, y compris de Mitrovica. L’accès de cette ville est gardé par les troupes françaises. Les officiers de renseignement de ces unités ont récemment prévenu le gouvernement français que, si les affrontements étaient importants et si les commandos utilisaient l’armement lourd qui leur est attribué, l’armée française et les Italiens, cantonnés un peu plus loin, ne pourraient pas s’opposer aux combats sans qu’il y ait de lourdes pertes de part et d’autres, et dans les unités arbitrales.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui
Monde 25 avril 2025

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui

Comment se positionne l’Algérie dans la recomposition du monde ? Comme de nombreux pays européens et africains, avec ses forces et ses faiblesses, l’Algérie cherche sa place.
Par Pablo Pillaud-Vivien
En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »
Reportage 23 avril 2025 abonné·es

En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »

Depuis le début de la guerre, les raids de l’armée israélienne s’intensifient dans le nord du territoire occupé. Dans les camps de réfugiés palestiniens de Jénine et Tulkarem, près de 50 000 personnes ont été poussées hors de leurs maisons, sans possibilité de retour. À Naplouse, les habitants craignent de subir le même sort.
Par Louis Witter
« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »
Entretien 23 avril 2025 abonné·es

« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »

Le député communiste de la Knesset Ofer Cassif revient sur l’annexion de la Cisjordanie, le génocide à Gaza et l’évolution de la société israélienne.
Par Louis Witter
L’État binational, une idée juive
Analyse 23 avril 2025 abonné·es

L’État binational, une idée juive

L’idée d’un État commun a été défendue dès 1925, par l’organisation Brit Shalom et par des prestigieux penseurs juifs, avant de s’évanouir au profit d’une solution à deux États. Mais cette dernière piste est devenue « impraticable » au regard de la violente colonisation perpétrée à Gaza et dans les territoires palestiniens occupés aujourd’hui. Quelle autre solution reste-t-il ?
Par Denis Sieffert