L’année du droit ?

Ingrid Merckx  • 10 janvier 2008 abonné·es

Tous aux guichets : c’est ce que propose l’association Droit au logement (DAL), du fait de l’entrée en vigueur, le 1er janvier 2008, de la loi sur le Droit au logement opposable (Dalo). Fruit de la mobilisation de l’hiver dernier autour, notamment, des Enfants de Don Quichotte, de la Fnars, du Secours catholique et de la Fondation Abbé-Pierre, cette loi instaure « un droit à un logement décent et indépendant […] garanti par l’État à toute personne qui, résidant sur le territoire français de façon régulière et dans des conditions de permanence définies par décret en Conseil d’État, n’est pas en mesure d’y accéder par ses propres moyens ou de s’y maintenir » . Depuis une semaine, les mal-logés ou sans-logis peuvent donc se porter candidats à un relogement. En théorie, parce qu’en pratique, révèle le DAL, « selon les sites Internet de la plupart des préfectures, à ce jour, la loi Dalo est inexistante, ou ne mentionne pas les informations nécessaires » .

Le 2 janvier, environ 300 personnes faisaient la queue devant un bâtiment de la préfecture d’Île-de-France pour retirer un dossier. Les caisses d’allocations familiales sont également habilitées à recevoir les demandes à Paris, la Direction départementale de l’Équipement, les préfectures et les offices HLM en province. 600 000 personnes répondraient aux critères d’éligibilité… pour une offre de 60 000 logements. Première évidence : toutes les demandes ne pourront être satisfaites. En outre, le budget alloué au Dalo est largement insuffisant, dénoncent les acteurs associatifs. D’où la nouvelle mobilisation déclenchée, par anticipation, mi-décembre à Paris. Elle a débouché, le 19 décembre, sur la nomination par François Fillon d’un médiateur, Étienne Pinte, député (UMP) des Yvelines. « Son objectif sera de rédiger un contrat de partenariat entre l’État et les associations pour la mise en place d’une nouvelle politique interministérielle », a précisé le Premier ministre, qui a défini quatre orientations : prévenir le passage à la rue, mieux organiser l’hébergement d’urgence, développer les maisons relais et le logement social, et améliorer l’organisation administrative. Pour l’heure, les associations se disent assez confiantes : le choix d’Étienne Pinte comme nouvel interlocuteur y est pour beaucoup. Il devrait prêter attention aux 37 propositions du Comité de suivi du Dalo et aux recommandations de la Conférence de consensus sur les sans-abri. Reste à savoir s’il aura les moyens d’agir. Il a rencontré les associations le 7 janvier pour une première mise à plat avant l’annonce d’un plan d’action, fixée au 15 janvier.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« J’aimerais qu’on combatte le système qui rend les étrangers fous »
Témoignage 18 décembre 2025 abonné·es

« J’aimerais qu’on combatte le système qui rend les étrangers fous »

À l’occasion de la Journée internationale des migrants ce 18 décembre, des collectifs appellent à une grève antiraciste, la « Journée sans nous ». Politis a rencontré Ousmane, sans-papiers guinéen. Il raconte la mécanique d’un système « qui profite des sans-papiers » et les pousse à bout.
Par Pauline Migevant
« Le mérite existe-t-il ? » : notre sélection pour aller plus loin
Sélection 17 décembre 2025

« Le mérite existe-t-il ? » : notre sélection pour aller plus loin

Une sélection de la rédaction de Politis, pour compléter la lecture du numéro spécial « Vouloir n’est pas pouvoir. Le mérite extiste-t-il ? », à retrouver sur la boutique en ligne ou sur le site du journal.
Par Politis
Kaoutar Harchi, Dylan Ayissi : « Le mérite est une notion piège »
Entretien 17 décembre 2025 abonné·es

Kaoutar Harchi, Dylan Ayissi : « Le mérite est une notion piège »

Dans un entretien croisé, l’autrice et sociologue et le président de l’association Une voie pour tous remettent en question la notion de mérite dans un système scolaire traversé par de profondes inégalités.
Par Kamélia Ouaïssa et Hugo Boursier
Féris Barkat : former et transformer
Portrait 17 décembre 2025 abonné·es

Féris Barkat : former et transformer

Entre plateaux de télévision, activisme et son nouveau poste d’enseignant, Féris Barkat transforme la visibilité en responsabilité. À seulement 23 ans, le jeune Strasbourgeois, fraîchement arrivé à Paris, veut créer du changement, collectivement.
Par Kamélia Ouaïssa