Des réservistes pas chers

Claude-Marie Vadrot  • 17 avril 2008 abonné·es

Il se passe de drôles de choses dans les rectorats de France. Il y a quelques semaines, parvenait de Bretagne l’information selon laquelle trois centsenseignants retraités du primaire allaient être rappelés pour boucher les trous. Pour remplacer, ne rigolez pas, les professeurs des écoles partant à la retraite. Vous avez bien suivi? On va chercher des enseignants à la retraite pour qu’ils enseignent à la place de ceux qui partent à la retraite et que l’on ne remplace pas par des jeunes, rigueur oblige. Alors, demande le naïf, où est l’intérêt? Simple: ils sont payés en vacation sur des fonds rectoraux, ce qui coûte beaucoup moins cher à l’État, y compris en cotisations sociales. Donc, la Sécu-MGEN, la mutuelle hybride qui gère la couverture maladie des enseignants, reçoit moins d’argent. En Bretagne, finalement, ce sont cinq ou sixenseignants qui sont entrés, volontairement, en retraite laborieuse.

Il n’y aurait donc pas de quoi fouetter un ministre si nous n’avions pas découvert que tous les rectorats de France et de Navarre ont reçu instruction de recenser les enseignants encore aptes au service. Ils sont souvent contactés un par un pour dire si oui ou non, le cas échéant, ils accepteraient de reprendre le collier. Proposition que l’on peut résumer par «travailler un peu plus pour gagner moins qu’avant» mais en plus de la retraite, évidemment.

L’opération «main basse sur les retraités», menée en toute discrétion, ne concerne pas seulement les professeurs des écoles mais également les enseignants du secondaire. Cette recension des bonnes volontés, qui paraît soigneusement organisée à l’écart des syndicats, vise à constituer une «task-force» pour faire face au manque d’enseignants entraîné par la politique de rigueur contre laquelle les lycéens manifestent encore cette semaine. Les calculs menés par un service du ministère de l’Éducation nationale font apparaître que le recours à plus d’un millier de retraités représenterait une économie de 60% par rapport à des enseignants statutaires. D’où la poursuite de la diminution du nombre des postes mis en concours au Capes, qui se déroule dans quelques semaines.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

À Rouen, l’académie refuse de scolariser des mineurs isolés et à la rue
Reportage 16 octobre 2025 abonné·es

À Rouen, l’académie refuse de scolariser des mineurs isolés et à la rue

Malgré un droit constitutionnel adoubé par la convention des droits de l’enfant, la scolarisation est une bataille au quotidien pour les jeunes exilés de la plus grande ville de Seine-Maritime. Depuis plusieurs mois, ils luttent face au refus de l’académie de les scolariser.
Par Louis Witter
« Plan social déguisé » : 20 salariés d’un sous-traitant d’Amazon contestent leur licenciement
Luttes sociales 15 octobre 2025 abonné·es

« Plan social déguisé » : 20 salariés d’un sous-traitant d’Amazon contestent leur licenciement

Licenciés pour faute il y a un an, ils ont décidé d’attaquer cette décision auprès des prud’hommes de Marseille, ce mercredi. En cause : le refus d’être mutés à plus de 130 kilomètres de leur lieu travail suite à la perte d’un contrat avec Amazon.
Par Pierre Jequier-Zalc
À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur
Reportage 15 octobre 2025 abonné·es

À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 14 octobre contre le traité de libre-échange UE-Mercosur, à Paris, à l’appel du syndicat. Un texte qui exercerait une concurrence déloyale pour les agriculteurs français et menacerait la santé et le climat.
Par Vanina Delmas
Dans les CRA, une justice en visio rendue loin des regards
Reportage 15 octobre 2025 abonné·es

Dans les CRA, une justice en visio rendue loin des regards

Depuis le covid et la loi asile et immigration promulguée en janvier 2024, la justice en visioconférence se développe dans des annexes de tribunaux au sein des centres de rétention. Ces audiences cruciales pour la liberté des personnes menacées d’expulsion ont lieu sans public et au mépris des droits de la défense.
Par Pauline Migevant